dimanche 2 novembre 2014

J'ai lu BERGET 2014 Histoire des jeux vidéo polémiques Vol. 2



Les jeux vidéo apparaissent régulièrement dans les faits divers. Ils sont alors présentés comme étant de près ou de loin liés à des comportements violence ou criminels. Les polémiques sont suffisamment nombreuses pour en faire l’histoire. C’est à ce travail que s’attaque le journaliste Benjamin BERGET dans son second livre Histoire des jeux vidéo polémiques. Ce second volume suit logiquement un premier Histoire des jeux vidéo polémique et en annonce un troisième qui traitera de la politique de la liberté d’expression avec les jeux d’extrême droite et d’extrême gauche.


Je n’ai eu accès qu’a une version “alpha” du livre, et il est possible que le livre imprimé diffère du PDF que j’ai entre les mains. Le livre est organisé en deux grandes parties. La première présente les jeux vidéo polémiques proprement dits. Dix-huit jeux vidéo sont passés en revue. Certains jeux comme Mortal Kombat ou Resident Evil, appartiennent déjà au panthéon des jeux vidéo. D’autres comme Chiller ou Rule of Rose sont plus anecdotiques. La seconde partie est composée du point de vue de l’auteur et d’une longue interview de Shane_Fenton


La présentation des jeux vidéo polémique suit un plan simple et lisible. Chaque jeu reçoit le même traitement. Le pitch est présenté, le système de jeu est décrit, une rapide histoire de son développement est donnée et la polémique qu’il a suscitée est présentée. Enfin, Benjamin BERGET donne son point de vue.


La seconde partie est composée de l’examen critique de questions liées aux jeux vidéo polémiques. Benjamin Berget passe en revue le traitement médiatique des jeux vidéo et l’addiction aux jeux vidéo. On y retrouve Serge Tisseron, Michael Stora, Thomas Gaon, Vanessa Lallo, Laurent Bègue et moi-même. Le livre se ferme sur interview de Shane_Fenton qui traite souvent des questions liées aux jeux vidéo sur son blog Merlan frit. Cette partie s’appuie largement sur des interviews publiées dans la presse.


Le livre Histoire des jeux vidéo polémiques vol. 2 souffre de quelques défauts. Certains sont des détails tandis que d’autres sont plus gênants. Le livre est davantage construit comme une recension de jeux vidéo polémique que d’une histoire au sens classique du terme. Benjamin Berget ne donne pas les critères de sélection des jeux vidéo qu’il présente. Sur quels critères ont été choisis les 18 jeux vidéo du livre ? Quels sont les critères qui ont permis le classement dans les deux catégories présentées ? On s’étonne de voir Mortal Kombat dans les jeux vidéo de torture. Il est a mon sens plus un jeu de baston qui doit son succès à son système de combat et aux fatalities aussi violentes qu’exagérées qui permettent de finir un combat. Quelques définitions sur ce qu’est un jeu vidéo d’horreur où un jeu vidéo de torture auraient permis d’éviter ces écueils.

Le livre s’appuie principalement sur des interviews publiées dans la presse. Cela donne une bonne idée du traitement médiatique des jeux vidéo problématique. Mais il y a une distance entre ce que les chercheurs publient et ce qu’ils disent dans la presse. Cette différence n’est pas due à de la mauvaise foi mais simplement au fait qu’il s’agit de média différent. Les rares publications scientifiques qui sont citées sont celles qui vont dans le sens de l’auteur. Enfin et surtout, Benjamin Berget fait preuve d’une méconnaissance de la culture scientifique ce qui l’amène à interpréter mal à propos des positions prises par les chercheurs.


Faut-il acheter Histoire des jeux vidéo polémiques ? Si vous cherchez un livre qui recense les grandes polémiques liées aux jeux vidéo dans le monde et en France, alors Histoire les jeux vidéo polémiques vous satisfaire. 

1 commentaire:

  1. Merci Yann pour l'article sur le livre "L'histoire des jeux vidéo polémiques : volume 2", dont je suis l'auteur. Je tiens à apporter quelques précisions concernant les critiques :
    -Je pensais avoir assez expliqué dans l’introduction ce par quoi j’entendais les « jeux de torture », c’est-à-dire les jeux contenant une / des séquence(s) de torture. Je vais prendre un exemple concret que tout le monde connait : la scène de l’interrogatoire de Call of Duty : Black Ops, visible ici :
    https://www.youtube.com/watch?v=OHksOOv77YM
    Dans cette scène, le joueur est invité à faire souffrir volontairement un personnage de façon interactive, et à en soutirer du plaisir. Les graphismes, la présence de sang, le jeu d’acteur, les cris : tout est minutieusement fait pour que le joueur soit immergé dans l’acte de torturer.
    -Pour en venir à Mortal Kombat, une Fatality (combinaison de touches exécutée dans le temps imparti) récompense le joueur en lui débloquant une scène de torture variant selon le personnage qui l’exécute. La plus célèbre est liée au niveau des « Pits » où le vainqueur balance sa victime sur des pieux et le regarde se vider de son sang dans un râle d’agonie, juste pour « le fun ».
    Tous les éléments que j’ai décrit plus haut sur Call of Duty : Black Ops se retrouvent ici, c’est pourquoi Mortal Kombat (et bien d’autres jeux ayant provoqué des polémiques) se retrouve dans mon livre. Je ne dis pas que les jeux appartiennent au même genre, ni que le degré de violence graphique est la même, je dis simplement que l’intention des développeurs est manifeste : faire jouir du spectacle de la cruauté. Pour preuve, regardez la vidéo du dernier Mortal Kombat, visible ici :
    https://www.youtube.com/watch?v=u80hHuWZb_0
    -Je constate que tu blâme ma « méconnaissance de la culture scientifique », mais que tu fais preuve d’indulgence face aux déclarations des chercheurs qui publient des études qui détériorent l’image du jeu vidéo, et qui par conséquence font perdurer les clichés entourant ce médium.
    Mon livre décloisonne les sphères universitaires pour avoir une vision globale de l’engagement moral et politique des chercheurs qui produisent des études à charge contre le jeu vidéo. Je ne considère pas, comme tu le laisse penser, que « là, on ne doit pas tenir compte de ce qu’un chercheur dit parce qu’il s’exprime dans un média généraliste ». Au contraire : un chercheur qui dérape ou tient des propos anti jeu vidéo doit assumer sa position D’AUTANT PLUS s’il le fait dans un journal grand public, car les lecteurs lui accordent leur confiance pour se forger une opinion sur le degré de dangerosité du jeu vidéo. C’est ma position en tous les cas.

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