samedi 7 mai 2011

Facebook et le travail psychosocial

Il est étonnant de constater avec les lenteurs lesquelles les institutions éducatives et psychosociales s’installent sur le réseau Internet. Alors que dans la société française, le taux d’équipement passe le cap de 100% pour la téléphonie mobile et que les français sonts hautement connectés (71,3 % des Français ont internet à la maison) les institutions qui les soignent et qui soignent leurs enfants sont encore majoritairement absentes de l’Internet. Cette lenteur est principalement due à des préjugés et des méconnaissances concernant le réseau. Pourtant, les institutions éducatives et psychosociales ont tout à gagner à être sur le réseau.

 

Facebook permet de diffuser des documents en lien avec le travail psychosocial. L’institution peut se servir de Facebook pour se présenter, mais elle peut aussi tirer des bénéfices importants des aspects dynamique du réseau social.

Elle peut présenter des ressources en lien avec l’institution, le travail qui y est fait,  et la population qu’elle y accueille. Elle fera alors un travail de pédagogie et de décodage en direction du public. Elle peut par exemple faire une veille législative sur le secteur qui la concerne. Cela permettra a ses usagers d’être au fait de leurs droits, et de bénéficier d’une bonne source d’information. Le compte Facebook lui permettra également de bénéficier d’une voie montante. Un compte Facebook donne la parole aux autres. Il permet de faire ce qui est en première page de tous les projets des institutions psycho-sociales : entendre la parole de l’autre; en tenir compte. C’est précisément ce que permet de faire Facebook  : les murs sont des espaces d’accueils de l’autre, de ses idées, de ses émotions, de ses souvenirs.

L’institution peut présenter sur Facebook son projet institutionnel. La présentation ne sera pas celle en majesté que l’on trouve sur les sites web  d’établissements psychosociaux et de soin. Elle sera une présentation habitée et suivie. Le projet institutionnel est présenté pas à pas, c’est-à-dire que sont annoncés et discutés les difficultés, les errements, les impasses mais aussi les succès, les inattendus heureux et les adéquations que rencontre tout projet institutionnel.

Facebook peut être utilisé comme une plate-forme, c’est à dire comme un carrefour qui reçoit et distribue des documents en lien avec une activité.  Les prises en charge (psychomotricité, pédagogie, éducation, psychothérapies…) ainsi que les professions qui les mettent en œuvre peuvent s’y présenter. Des questions sur les prises en charge pourront trouver là des réponses. Certaines questions sont en effet suffisamment générales pour pouvoir trouver une réponse publique. Les autres questions peuvent être traitées dans des groupes fermés, et certaines questions ne seront jamais traitées en ligne. Le compte peut être utilisé pour faire connaitre les livres, les films, les émissions qui parlent d’un sujet qui intéresse l’institution. Il peut aussi être le lieu ou se prépare puis se poursuit une rencontre qui a été faire dans l’institution. Cela permet à ceux qui ne peuvent pas se déplacer de garder un lien avec ce qui se fait dans l’institution.

Il peut s’agit d’une page ou d’un groupe Facebook. La principale différence est que les permettent des contrôles d’accès plus fin.  Il peut être intéressant de limiter l’accès au compte Facebook d’une institution à ceux qui la fréquentent. Cela peut aussi être un élément du projet institutionnel que d’ouvrir l’institution au monde extérieur. Dans ce cas, une page sera plus appropriée.

Un compte Facebook peut être utilisé pour suivre un projet particulier. Par exemple, la sortie des enfants d’un IME ou un groupe de chômeurs peuvent utiliser le dispositif pour préparer leurs activités, rendre compte de son avancement, et en tirer des conclusions. Le compte renforce la cohésion du groupe par les interactions qui se produisent en ligne.

Un compte Facebook peut être le journal d’une activité, d’un groupe, ou d’une institution. Il sera le lieu de contact avec l’extérieur. Lorsque l’institution prend en charge des enfants, cela est particulièrement utile. Les parents peuvent être ainsi facilement intégrés aux activités de leurs enfants tout en restant à l’extérieur. Ils sont dedans et dehors. Du coté de l’institution, cela permet de faire vivre les parents : “que va-t-on raconter aux parents de cet projet ?”. Lorsque l’institution prend en charge des adulte, c’est le lien avec l’extérieur comme public qui va être important :  quelle image est ce que les autres ont de nous ? Que savent-ils, qu’imaginent-ils de nos vies ? de nos difficultés ? de nos bonheurs ?

Trois effets positifs

Un compte Facebook a pour une institution psychosociale, de soin, ou éducative au moins trois effets positifs.

C’est un dispositif de formation. Il permet aux institutions et à ses membres de se former aux dynamiques de l’Internet, d’en comprendre le fonctionnement, et de se départir des préjugés qui jusqu’à présent les retiennent loin de l’Internet

Il ouvre sur le monde. Facebook n’est pas une fenêtre du monde. C’est le monde. La culture bat dans Facebook. C’est un espace avec lequel il faut compter. Comment peut on faire un travail de réinsertion et être désinséré de ce qui fait lien pour tant de personnes

Il donne à comprendre le travail qui est effectué dans l’institution. Le travail éducatif est un travail subtil. Les accompagnements se sont sur des détails de la vie de tous les jours qui peuvent être difficile à saisir de l’extérieur. Les parents saisissent parfois mal le travail qui est effectué avec leur enfant. Ils font confiance, ce qui est nécessaire, mais la compréhension de ce qui est au travail lorsqu’un éducateur passe de longs moments à ne rien faire avec un adolescent, ou un psychothérapeute à regarder l’enfant dessiner est un véritable plus dans les prise en charge.

 

Le compte va donc jouer le rôle d’une enveloppe limitante et protectrice : il met au contact l’institution avec le monde extérieur, mais sans la diluer. Elle garde toute son identité tout en profitant des multiples contacts que permet une présence dans le cyberespace. Le compte Facebook est une interface.

Il ne s’agit pas de remplacer ce qui se fait dans les institutions par Facebook. Il s’agit d’utiliser un média que la culture met à notre disposition. Facebook est neutre du point de vue de son utilisation. Il est possible de s’en servir comme espace de travail supplémentaire. C’est même nécessaire.

4 commentaires:

  1. Très intéressant et très instructif. Rôle insoupçonné d'un réseau social. En même temps, il n'a jamais autant mérité son appellation...

    Peut-être un peu trop exclusivement centré sur Facebook là où d'autres outils sociaux pourraient trouver une place dans la finalité décrite.

    Merci.

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  2. Demain, Twitter.
    Après demain, les blogues, puis les plate-formes de partage d'image, de vidéo, de slides.... tout est à faire !

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  3. Très intéressant, mais je m'interroge sur le "réseau social". Facebook peut être centralisateur, unificateur des personnes concernées qui vont converger vers la page de l'institution. Jusque là, très bien. Mais dans son fonctionnement même qui est de mettre en lien différentes personnes, Facebook est-il l’objet le mieux adapté à la population citée, celle concernée par le travail psychosocial, et que les capacités de partage de Facebook ne va peut-être pas séduire...
    Ou y a-t-il des paramètres à régler?

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  4. Il y a des choses qui peuvent se faire avec un compte totalement public et d'autres qui nécessitent un réglage plus fin des paramètres de confidentialité.

    Nous sommes des êtres sociaux. Nous le sommes profondément. Intimement. Et être dans un IME ou un hopital psychiatrique ne change rien à cela. Au contraire, les personnes qui sont prises en charge comme on dit souffrent souvent de l'isolement du reste de la société.

    Cet isolement peut être travallé grace au friending de Facebook. Travaillé, c'est à dire qu'il est un outil *de plus* dans la boite à outil du travailleur social.

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