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jeudi 21 janvier 2016

Un souvenir d'enfance de l'arrière petite fille de Sigmund Freud


Emma Freud est l’arrière petite fille de Sigmund Freud, l'inventeur de la psychanalyse. Son père Clement Freud est le fils de Ernst Freud ainsi que le frère du peintre Lucian Freud. Elle porte le même prénom qu’une patiente de Freud, Emma Eckstein. Pourtant, dans sa famille, Sigmund Freud était un parfait inconnu. Son nom n'était jamais mentionné et aucun de ses livres n'était dans la bibliothèque familiale 

Emma Freud a livré dans un article publié dans The Telegraph un souvenir intéressant à propos de son célèbre aïeul. 

Un jour après l'école, sa grand sœur interroge leur père 

- Qui était ce Sigmund Freud ? Le professeur en a parlé aujourd'hui 

- Ah ! répondît le père. C'est embarrassant. Il était ton arrière grand père et était connu parce qu'il avait inventé la chasse d'eau. Si quelqu'un t'en parle encore, change de conversation


Pour les Britanniques, la chasse d’eau et la neuvième plus grande invention de tous les temps. Alors, faire de Sigmund Freud l’inventeur de la chasse d’eau est peut-être une reconnaissance.


mardi 11 novembre 2014

Note sur les clowns maléfiques



Sur YouTube, des vidéos de clowns maléfiques ont un certain succès. On y voit un clown écraser la tête d’un corps posé sur le sol avec une énorme masse puis poursuivre les passants qui l’ont vu commettre ce crime affreux. Bien évidemment, le corps posé au sol n’est qu’un mannequin et le sang qui gicle sur les murs n’est qu’un liquide coloré. Mais la terreur éprouvée par les passants est bien réelle de même que le plaisir que l’on prend a regardé ces vidéos.



Ces vidéos ont suscité quelques vocations. On signale en France des clowns qui sèment la terreur dans les rues. Récemment, en Dordogne, un jeune homme a été mis en examen pour avoir effrayé des enfants avec un costume de clown. Comment expliquer ce phénomène ? Pourquoi les clowns peuvent-ils devenir si effrayants ?

La première interprétation est simple. Les clowns sont effrayants parce qu’ils sont à mille lieues de commettre des actes aussi violents. Le clown est associé à l’enfance, aux rires, aux chutes… c’est un personnage comique que l’on peine à associer spontanément à la violence. Lorsque le rapprochement est fait, nous ressentons intérieurement un sentiment de révolte. Le clown violent fait violence à nos représentations et à nos attentes. Il est un représentant de quelque chose qui ne doit pas être fait ou pensé.

Cependant, cette interprétation est loin d’être suffisante. Elle n’explique pas la terreur qui prend certains enfants face à un clown banal. Elle ne rend pas compte non plus des transformations du clown dans la culture populaire. Comment est-on passé du clown avec son nez rouge au clown grimaçant laissant apparaitre impressionnante . Pour rendre compte du phénomène des clowns effrayants, il faut revenir à l’origine du personnage. Les principales théories de l’horreur permettront ensuite de mieux comprendre les réactions que l’on peut avoir face aux clowns violents.

Généalogie du clown maléfique

Le clown est un personnage du cirque qui connait deux déclinaisons : le clown blanc et l’Auguste. Le clown maléfique est une déclinaison de ce dernier. Le clown blanc est un personnage digne et autoritiare. Il porte un maquillage blanc, deux grands sourcils noirs, une bouche rouge, des narines et des oreilles rouge vif. L’ensemble exprime le sérieux voire la tristesse. Il évoque également le merveilleux, l’aérien, le lunaire


L’Auguste est un contrepoint du clown blanc. Il est terrien, balourd, et pataud. Il porte des vêtements aux couleurs criardes. Son visage est blanc, avec une large bouche rouge et un nez rouge. Il porte une perruque de couleurs. Traditionnellement, le clown Auguste porte un maquillage blanc sur lequel se détachent un nez et une bouche rouge vif. Ses yeux sont immenses et parfois un petit chapeau couvre une chevelure rouge ou verte. Il porte une veste à large carreaux avec parfois une fleur à la boutonnière. Des bretelles retiennent un pantalon manifestement trop grand. Enfin, il est chaussé d’immenses chaussures qui rendent sa démarche malaisée. Les mouvements du clown sont désordonnés. Il ne faut pas beaucoup de temps pour qu’il déclenche des catastrophes.

Il existe plusieurs histoires sur l’origine du clown Auguste. Elles se résument dans le récit suivant : un garçon de piste est accidentellement introduit dans le spectacle. Ses maladresses, parfois attribuées à son alcoolisation, font rire le public. Ce qui n’était qu’un accident devient un spectacle. Le clown Auguste devient alors le faire-valoir du clown blanc avant de devenir un personnage indépendant

On retrouve avec le clown Auguste cette fonction de passeur. Déjà de par son origine, Auguste met en acte le passage de l’hors-scène à la scène. Avec Auguste, quelque chose qui était dans l’ombre passe dans la lumière. Auguste est une figure de la frontière. Elle est présente dans les carreaux de son costume. Elle est également figurée dans le fait que le clown n’est jamais totalement à sa place. Il fait des choses déplacées. Il n’est comme un enfant dans un monde de grandes personne. Cet aspect est souligné par les vêtements trop grands du clown. Son pantalon est retenu de justesse par des bretelles. Ses chaussures sont bien trop grandes. Elles sont d’ailleurs parfois remplacées par des palmes. D’évidence, le clown n’est pas dans son élément.

Les habits trop grands du clown renvoient à l’image d’un enfant dans un costume d’adulte ou à celle d’un adulte ayant régressé dans ses vêtements. L’image n’est pas la même selon que l’on est un adulte ou un enfant. Pour l’adulte , le clown est toujours l’image de régression. Pour l’enfant, le clown est une image de la régression et du travail de devenir grand auquel il est astreint. Ce travail l’amène à effectuer de difficiles et parfois douloureuses synthèses. C’est ce que signifient les pièces dépareillées du costume. Le clown est l’image de la non-synthèse. Rien en lui n’est ajusté. Rien ne tombe juste. Sa démarche est balourde. Ses chaussures et son pantalon sont trop grands. Les couleurs des carreaux de sa veste jurent. Même son visage présente un contraste entre la pâleur de la mort et le rouge vif des désirs.

Si tout dans le clown Auguste est déplacé, c’est parce qu’il déplace les règles du jeu. Il inverse l’ordre des choses. Lorsqu’il veut donner un coup de pied, il tombe. S’il joue de la trompette, les choses ne se passent pas normalement. Même les éléments de son costume ne sont que des plaisanteries. Ses gestes sont bien trop grands, sa démarche est ébrieuse, son chapeau est trop petit. La fleur qu’il accroche à sa boutonnière arrose ses partenaires alors que l’on attendrait d’une fleur qu’elle soit arrosée. Le clown Auguste est un trickster. Les contes et les légendes des cultures du monde entier comportent un personnage dont les facéties amusaient les enfants. Ce joueur de tours est aussi une porte-culture. En faisant autre chose que ce qui est attendu, il est créateur de nouvelles façons de voir le monde. Il est souvent créateur d’objets nécessaires à la survie de l’homme.

Quel est le lien du clown avec l’horreur ? Il réside dans le fait que le le clown Auguste est une figure disparate, composite, multiple. En cela, il est se rapproche d’une autre figure de la culture populaire. Le monstre de Frankenstein est lui aussi fait de bric et de broc. Il nait de l’assemblage de parties de corps différents. Il est une image de la transgression ultime puisqu’il mélange le vivant et le non vivant.

Le clown maléfique dans la culture populaire

Le clown maléfique est généralement totalement identique au clown Auguste, comme dans le roman Ca de Stephen King. Il peut aussi apporter quelques modifications. Celles-ci se concentrent alors généralement sur la bouche. La bouche ronde et féminine de l’Auguste se transforme une bouche méchamment dentée.


Le clown maléfique le plus populaire est sans doute celui du roman Ca de Stephen King. Dans ce roman, un groupe d’enfant est confronté à une force maléfique qu’ils appellent ça responsable de crimes atroce. Le clown Auguste est une des formes que “Ça ” peut prendre. Les enfants une fois devenus adultes doivent combattre “Ça ” à nouveau. “Ça ” est un monstre protéiforme qui met en scène les dangers de l’enfance : les adultes agresseurs, les violences commises par les enfants, et la violence infantile qui exige que des adultes reviennent sur leur enfance pour soigner les traumatismes du passé

Le Joker est un personnage aux cheveux verts et au visage blanchâtre de l’univers Batman. Il est partiellement inspiré de L’homme qui rit de Victor Hugo, héros monstrueux et grotesque dont le rire n’est rien d’autre qu’une balafre allant d’une oreille à l’autre faite sur ordre du Roi pour masquer son origine noble. Deux origines sont données au Joker. Dans la première, il est un criminel poursuivi par Batman. Il tombe dans une cuve d’acide et il en sort sous les traits du Joker. Dans la seconde, le sourire grimaçant du Joker est provoqué par le Batarang de Batman. Au cours d’un second combat, il tombe dans un bac d’acide et se transforme totalement en Joker (Batman Confidential #7-12, Sept 2007- Fév 2008).

Krusty le clown est un personnage du dessin animé Les Simpson. C’est un clown dépressif, tabagique et cynique qui anime un show télévisé pour les enfants. Physiquement, il est le jumeau de Homer Simpson avec un maquillage de clown. Mais à la manière du Joker, il ne porte pas de maquillage, mais doit son apparence à une succession d’attaques cardiaque. Entre mille et autres déboires, Krusty a été marié une quinzaine de fois, a connu de multiples faillites, rit hystériquement, est alcoolique…

Les théories de l’horreur

H. P. Lovecraft est un auteur connu de récits d’horreurs. Dans ses récits, un homme est généralement confronté à des forces venues d’un ailleurs lointain. Ces rencontres le plongent dans la confusion et l’effroi. Généralement, le héros finit dans une folie terrible ou est dévoré par un monstre dont la seule description peut rendre fou. Pour Lovecraft, l’horreur est une expérience religieuse. Elle confronte à une angoisse cosmique. Un récit d’horreur est un récit qui met le lecteur au contact avec des pouvoirs inconnus. Pour Lovecraft, l’horreur est suscitée chez le lecteur lorsqu’il prend conscience d’autre chose qui provoque alors un mélange de peur, de révulsion et d’émerveillement. Les héros de Lovecraft sont toujours partagés par la curiosité et la terreur. Les deux sentiments sont liés, car le héros vit sa curiosité comme quelque chose de malsain, et il a la prescience qu’elle l’entrainera vers . Les récits se terminent avec la confirmation que “certaines choses doivent ne jamais être sues”

Quel est donc ce savoir qui doit rester à jamais non su à jamais ? Le psychanalyste anglais Ernest Jones apporte une interprétation classique : c’est l’inceste. Dans son étude sur le cauchemar, il montre que les vampires provoquent l’horreur parce qu’ils représentent la satisfaction du désir incestueux. Par une succession de transformations dues a la censure du rêve, le parent est présenté comme un vampire, le souhait comme une agression, et l’amour en sadisme. Le rêveur apparait comme une victime passive - ce n’est pas lui qui désire, c’est le vampire - ce qui lui permet de jouir du plaisir d’être embrassé-mordu par le vampire

L’horreur ne se limite pas a la figure du vampire, et les désirs ne sont pas uniquement des désirs sexuels. Cependant, tous les désirs peuvent faire l’objet d’une répression. De e point de vue, ce qui provoque l’horreur ce n’est pas tant un désir particulier - ici, le désir incestueux oedipien - que le monde de la sexualité infantile. Les figures de l’horreur conduisent toutes aux expériences infantiles qui ont été refoulées : peur d’être agressé, perdu, tué, abandonné, de perdre son identité, d’être insuffisamment reconnu ou de se transformée en quelqu’un ou quelque chose d’autres

Enfn, l’horreur est un produit de la culture. Les thèmes traités par l’imaginaire de l’horreur correspondent aux questions et aux problèmes que se pose une société à un moment donné. De ce point de vue, les créatures d’horreur sont des images des répressions - et peut-être de leurs échecs - qu’une culture impose à tous ces membres. Les fièvres zombies qui envahissent régulièrement nos écrans de cinéma sont des images des tensions de notre société. (Dawn of the Dead (1978) de George Romero qui pose les standards du genre parle des tensions sexuelles et raciales USA des années 70. Aujourd’hui, les contagions zombies permettent d’évoquer la perte des limites suscitées par les transmissions numériques.

Comment comprendre les clowns maléfiques au regard de ces trois théories de l’horreur ? Les clowns maléfiques ne suscitent pas d’horreur mystique, mais ils confrontent tout de même avec l’idée que “certaines choses devraient être tues”. Ces choses sont en lien avec les désirs individuels et avec le travail de la culture qui impose des refoulements. Ma thèse est que les clowns maléfiques sont une image de perte des frontières.

Les clowns maléfiques comme passe-frontière
La perte des frontières est toujours une épreuve. Une frontière donne un point d’appui pour la pensée. Elle trace une ligne claire entre le bien et le mal, le juste et l’injuste, le plaisir et la douleur, l’interdit et l'autorisé. La question de la frontière est présente dans le clown Auguste . Elle apparait dans sa naissance, puisque quelqu’un garçon de piste devient un artiste. Elle est présente dans son costume bariolé qui met en contraste différents territoires. Elle est enfin présente dans son comportement puisqu’il se comporte d’une manière qui ne respecte pas les frontières sociales que sont les interdits.

Freud a décrit une expérience dans laquelle la personne vue un moment de flottement avec le sentiment d’être confronté à quelque chose d’à la fois inquiétant et familier L’inquiétante étrangeté correspond à une perte momentanée des limites. Un bref instant, la distinction entre le vivant et le non-vivant, l’inanimé et l’inanimé s’efface. Cet effacement correspond également à une perte de la frontière entre l’inconscient et le conscient. Pendant quelques secondes, des éléments de l’inconscient accèdent à la conscience, d’ou l’expérience de vertige et d’angoisse.

Le clown maléfique est ce familier inquiétant. Il est familier parce que l’on identifie rapidement le personnage. Ses chaussures, son pantalon, sa veste, son masque le rendent reconnaissance sans peine. Il est inquiétant par son action - il écrase un crane avec une immense masse - ou un détail - sa bouche est devenue une affreuse gueule dentée.

Comme les enfants, il est composé d’une pluralité de composantes dont la synthèse n’est pas encore faite. Les enfants doivent en effet se construire à partir d’une double filiation. Ils doivent également faire avec la double nécessité de s’incarner dans un corps et de sublimer leurs besoins biologiques. Les clowns maléfiques nous indiquent que notre rapport à l’enfance et à l’infantile se transforme. Le familier du clown est aussi celui de l’enfance. Le fait que nous le voyons comme potentiellement menaçant et destructeur que nous avons tendance à voir l’infantile de la même manière .



jeudi 8 mai 2014

20 superbes images de sculptures de Yeong-Deok Sec qui illustrent merveilleusement bien la condition humaiine




L'artiste coréen Yeong-Deok Seo  crée des sculptures en utilisant des chaines en acier. Le nom de quelques œuvres - Infection, Angoisse, Infection, Ego - n'incite pas à l'optimisme. Cependant, ce travail me semble illustrer à merveille le double mouvement relevé par René Kaës après Sigmund Freud : nous avons tous à faire le travail d'être à nous-même notre propre fin et et celui d'être le maillon d'une chaîne.























jeudi 16 février 2012

Psychothérapie et séduction dans la culture populaire et dans le champ clinique

On se souvient que le Docteur Paul Weston, psychothérapeute de son état, souffre de la tendre inclinaison qu’il a pour une de ses patientes. Le cas n’est pas limité à la fiction. Un sondage effectué en 2006 après de 575 psychothérapeutes montre que 87% d’entre eux ont été attirés sexuellement par un patient. Un minorité non négligeable (9,4% des hommes et 2,5% des femmes) sont passés à l’acte. L’attirance sexuelle provoque des sentiments de culpabilité, de l’anxiété ou de la confusion, pourtant près de la moitié des psychothérapeutes concernés n’ont pas cherché de l’aide.

psychothérapie et séduction dans la culture populaire

Dans la culture populaire, les relations psychothérapeute patient ont souvent été mise en avant. Très récemment, les relations entre Karl Gustav Jung et Sapina Spielrein ont fait l’objet d’un film qui montre à quel point la psychanalyse pouvait être “une méthode dangereuse”

Les dangers de la séduction sont assez récurrents dans la culture populaire. Le cas le plus fréquent est celui d’une psychothérapeute femme séduisant un patient homme.  27 films concernent ce cas de figure, tandis que le cas de psychothérapeutes hommes séduisant une patiente sont moins nombreux (15). Je ne connais pas de cas de séduction homosexuelle.

Psychothérapeute femme séduisant un patient (d’après Glen O. Gabbard, Krin Gabbard )

  • Spellbound (1945)
  • High Wall (1947)
  • Dead heat an a Merr-Go-Round (1966)
  • Zelig (1983)
  • From beyond (1986)
  • Hunk (1987)
  • Mr. Jones (1993)
  • Tin Cup (1996)
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    Psychothérapeute homme séduisant une patiente (d’après Glen O. Gabbard, Krin Gabbard )

  • Carefree (1938)
  • Lilith (1964)
  • Lovesick (1983)
  • Bad Dreams (1988)
  • Husband and Wifes (1962)
  • The Net (1995)
  • Bliss (1997)
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    Ces films mettent en image un fantasme de séduction, c’est à dire une “scène réelle ou fantasmatique, où le sujet (généralement un enfant), subit passivement, de la part d’un autre (le plus souvent un adulte), des avances ou des manœuvres sexuelles” (Laplanche et Pontalis). Ces fantasmes de séduction sont en lien avec le complexe d’Œdipe. La séduction est qui le plus souvent mise en scène est une séduction maternelle. On pourrait la traduire ainsi : “une mère séduit un fils”. Est-ce du fait que la situation de psychothérapie est une situation de soin, et que par conséquent elle rappelle les soins qu’une mère donne à son enfant ?

     

    Psychothérapie et séduction dans le champ clinique

    Carol Martin a exploré la question  en utilisant la méthode clinique. 13 psychothérapeutes (7 hommes), dont deux psychologues cliniciens et deux psychanalystes ont été interrogés sur la manière dont ils ont pu être attirés sexuellement par des clients, et la manière dont ils ont géré la situation. Tous s’accordent à reconnaitre les moments ou les frontières sont franchies mais le consensus est moins évident lorsqu’il s’agit de fantasmes.

    L’attirance sexuelle est considérée comme normale et non nécessairement dommageable pour le patient mais le consensus devient moins précis lorsqu’il s’agit de définir ou commence et ou se termine l’attirance sexuelle. Pour certains, les fantasmes du psychothérapeute sont problématiques, pour d’autres ils font partie du processus psychothérapeutique et doivent être pris en compte par le psychothérapeute. Le psychothérapeute doit prendre conscience de l’attirance sexuelle et des affects qui y sont associés (anxiété, culpabilité, honte) et traiter la question d’une façon qui soit finalement bénéfique pour le patient.

    La crispation sur le cadre du traitement est le signe d’un échec de ce processus. Il produit par ailleurs souvent chez le patient l’impression d’être rejeté et peut conduire à une fin prématurée de la psychothérapie. Les postures moralisatrices ou omnipotentes, la projection sur le client des désirs sexuels, les passages à l’acte sous forme de caresses, d’étreintes, les rencontres en dehors du  cabinet en sont d’autres signes

     

     

    pdf-file-logo-icon (1)Martin, C., Godfrey, M., Meekums, B., and Madill, A. (2011). Managing boundaries under pressure: A qualitative study of therapists’ experiences of sexual attraction in therapy. Counselling and Psychotherapy Research, 11 (4), 248-256 DOI: 10.1080/14733145.2010.519045

  • jeudi 20 mai 2010

    Comment les institutions de psychanalyse ont traité l’affaire Onfray

    Il y a peu, Michel Onfray a publié Le Crépuscule d’une idole, l’affabulation freudienne, charge sévère contre le fondateur de la psychanalyse. L’affaire avait fait quelque bruits dans les média. Quelques psychanalystes avaient donné des papiers a des journaux. Des émissions de télévision organisée pour “débattre” avec Michel Onfray. Et puis, l’attention médiatique s’est peu à peu éteinte.

    Comment les institutions de psychanalyse ont elle traité “l’affaire Onfray”.

    J’ai visité les représentations des principales associations de psychanalyse françaises : la Société Psychanalytique de Paris, le Quatrième Groupe,  les Séminaires Psychanalytiques de Paris, la lettre lacanienne,  les CCAF , l’École Lacanienne de Psychanalyse, le GRP, la FEDEPSY, le Centre de recherches en psychanalyse et écritures, l’Association Lacanienne Internationale,  la Société de psychanalyse freudienne,l’Espace Analytique , le Cercle Freudien, , l’Association Psychanalyse Jacques Lacan, l’Ecole de Psychanalyse des Forums du Champ Lacanien , L’Ecole de la Cause Freudienne, l’Association Psychanalytique de France, l’École de psychanalyse Sigmund Freud, l’Association Analyse Freudienne.

    Aucun des sites des associations française de psychanalyse ne parle du livre. Silence total

    Pourtant, le livre a bel et bien été discuté sur le réseau. Il y a eu des échanges sur les forums de Oedipe.org et aussi sur Facebook.. On reconnait les même noms qui depuis une dizaine d’année maintiennent le signifiant psychanalyse sur l’Internet.

    Je ne pense pas qu’il s’agisse d’une volonté délibérée mais beaucoup plus simplement d’un mésusage du web. La fréquence de publication de ces sites est très faible, et beaucoup se limitent à leur stricte actualité : colloques, parutions, et quelques interview. Malheureusement, aucun ne se sert des outils du web 2.0. Il est par exemple impossible d’embarquer les vidéo publiées sur le site de la SPP ni même de les mettre facilement en lien. Le résultat est logique : les sites apparaissent encore trop souvent  comme vitrines ouvertes sur ceux qui sont déjà à bord.

    lundi 17 mai 2010

    A quoi peut servir l’Internet à un psychanalyste ?

    A quoi peut donc servir l’Internet à un psychanalyste ? Après tout, ce dont il a besoin c’est la libre association coté divan, l'abstinence, l'attention flottante  et sa formation coté fauteuil et entre les deux l'heureux mélange de tout cela.

    A être au contact avec la culture

    En une génération si l’on prend en compte la naissance de l’Internet, deux décennies si l’on part du web, une poignée d’année avec le Web 2, le réseau s’est imposé comme un des coeurs de notre culture. De plus en plus souvent, nos actes ont leur ombre sur le réseau, et il arrive de façon aussi fréquente que les ombres numériques tombent dans la réalité tangible. L’internet est devenu le lieu ou se renégocient les identités, les savoirs, les règles commerciales, les droits... C’est une immense technique de soi qui mérite d’autant  plus l’attention des psychanalystes qu’elle a tendance à se transformer en dispositif de surveillance au voisinage de tout pouvoir. 

    A penser une nouvelle matière à penser

    Le numérique est un nouveau “médiateur d’humanité (Debray, R et Hugues P., 2000) Après le papier et le tissu, il est la matière dans laquelle nous enveloppons et transmettons nos souvenirs, notre histoire, nos pensées. C’est une matière sur laquelle nous pouvons nous appuyer pour penser le monde. Internet nous propose des représentations de l’état du monde et nous aide à en former de nouvelles. Mais c’est également une matière qui nous aide à penser notre monde interne. Nos conflits, nos empêchements, nos désirs… s’y trouvent représentés par nous même ou par d’autres. Ils peuvent alors trouver une meilleure élaboration après ce détour projectif. Le numérique a également une fonction toxique : la prolifération des images, des contenus, des contacts… met alors à mal les capacités de penser.

    A être en lien avec son institution

    Des associations de psychanalyse sont présentes sur le Web et diffusent régulièrement des contenus qui peuvent intéresser le psychanalyste : colloques, réunions de travail. Les sites permettent aux analystes d’être en contact avec les intérêts des collègues de leur association. Ils permettent également de suivre l’actualité d’autres associations.

    A entendre

    La connaissance des mondes numériques peut servir dans le travail clinique. L’internet est devenu pervasif. Son croisement avec la téléphonie mobile et la baisse du coût de la connexion haut débit l’a installé au cœur des foyers. Les patients en ont un usage parfois pluri-quotidien. L’énoncé “Mon ex sait tout sur moi sur Facebook”  ne peut être pleinement entendu que si l’on a une connaissance et une compréhension ce qu’est un site de réseau social en général et de Facebook en particulier. C’est à partir de cette connaissance que l’on pourra mieux comprendre les dynamiques en jeu : mouvement paranoïaque, difficultés de séparation, perversion du lien… Toute présence en ligne nécessite la mise en travail de questions qui tournent autour de la représentation de soi, du narcissisme, de l'orgine ou de l’identité. Les adresse email, les blogues, les sites de réseaux sociaux sont autant de silos où des éléments inconscients et préconscients sont déposés. On a là, comme avec les jeux vidéo, du matériel en attente d’être interpréter.

    A diffuser le savoir de la psychanalyse

    La somme des textes écrits par les psychanalystes est considérable. Sur un sujet, les bibliographies atteignent rapidement quelques dizaines de page. Il devient difficile de s’orienter dans ces savoirs qui fonctionnent alors comme des labyrinthes cryptiques alors qu’ils ne devraient qu’être que des supports au travail clinique. L’Internet peut d’une part aider à mieux diffuser les travaux des psychanalystes dans la culture et d’autre part peut aider à les re-travailler en les triant avec des folksonomies

    A se présenter

    L’Internet peut servir de répertoire, un peu à la manière des annuaires téléphoniques. Le fait de s’inscrire dans des répertoires permet d’être trouvé par des patients. Il est possible de créer une page sur Facebook et de la dédier à cette fonction. Un blogue peut également être dévolu à cette fonction. Il sera mieux référencé par les moteurs de recherche

    A échanger avec ceux qui ne sont pas psychanalystes ou pro-psychanalyse

    Nous avons beaucoup souffert des conflits entre la psychanalyse et d’autres techniques psychothérapeutiques ou des techniques éducatives.  Quelques uns s’y sont montrés dogmatiques, cristallisant les oppositions de part et d’autres. Les choses changent heureusement : la psychanalyse qui était en situation de monopole dans les années 1970 est devenue une pratique critiquée. Des espaces de travail sont à ouvrir entre la psychanalyse et ce qui n’est pas elle, et ces espaces peuvent exister sur le réseau Internet. Il est en effet facile d’utiliser des dispositifs qui mettent en commun et en partage des documents ou de créer des espaces de rencontre temporaires ou permanents.