jeudi 21 janvier 2016
Un souvenir d'enfance de l'arrière petite fille de Sigmund Freud
mardi 11 novembre 2014
Note sur les clowns maléfiques
jeudi 8 mai 2014
20 superbes images de sculptures de Yeong-Deok Sec qui illustrent merveilleusement bien la condition humaiine
L'artiste coréen Yeong-Deok Seo crée des sculptures en utilisant des chaines en acier. Le nom de quelques œuvres - Infection, Angoisse, Infection, Ego - n'incite pas à l'optimisme. Cependant, ce travail me semble illustrer à merveille le double mouvement relevé par René Kaës après Sigmund Freud : nous avons tous à faire le travail d'être à nous-même notre propre fin et et celui d'être le maillon d'une chaîne.
jeudi 16 février 2012
Psychothérapie et séduction dans la culture populaire et dans le champ clinique
On se souvient que le Docteur Paul Weston, psychothérapeute de son état, souffre de la tendre inclinaison qu’il a pour une de ses patientes. Le cas n’est pas limité à la fiction. Un sondage effectué en 2006 après de 575 psychothérapeutes montre que 87% d’entre eux ont été attirés sexuellement par un patient. Un minorité non négligeable (9,4% des hommes et 2,5% des femmes) sont passés à l’acte. L’attirance sexuelle provoque des sentiments de culpabilité, de l’anxiété ou de la confusion, pourtant près de la moitié des psychothérapeutes concernés n’ont pas cherché de l’aide.
psychothérapie et séduction dans la culture populaire
Dans la culture populaire, les relations psychothérapeute patient ont souvent été mise en avant. Très récemment, les relations entre Karl Gustav Jung et Sapina Spielrein ont fait l’objet d’un film qui montre à quel point la psychanalyse pouvait être “une méthode dangereuse”
Les dangers de la séduction sont assez récurrents dans la culture populaire. Le cas le plus fréquent est celui d’une psychothérapeute femme séduisant un patient homme. 27 films concernent ce cas de figure, tandis que le cas de psychothérapeutes hommes séduisant une patiente sont moins nombreux (15). Je ne connais pas de cas de séduction homosexuelle.
Psychothérapeute femme séduisant un patient (d’après Glen O. Gabbard, Krin Gabbard )
Psychothérapeute homme séduisant une patiente (d’après Glen O. Gabbard, Krin Gabbard )
Ces films mettent en image un fantasme de séduction, c’est à dire une “scène réelle ou fantasmatique, où le sujet (généralement un enfant), subit passivement, de la part d’un autre (le plus souvent un adulte), des avances ou des manœuvres sexuelles” (Laplanche et Pontalis). Ces fantasmes de séduction sont en lien avec le complexe d’Œdipe. La séduction est qui le plus souvent mise en scène est une séduction maternelle. On pourrait la traduire ainsi : “une mère séduit un fils”. Est-ce du fait que la situation de psychothérapie est une situation de soin, et que par conséquent elle rappelle les soins qu’une mère donne à son enfant ?
Psychothérapie et séduction dans le champ clinique
Carol Martin a exploré la question en utilisant la méthode clinique. 13 psychothérapeutes (7 hommes), dont deux psychologues cliniciens et deux psychanalystes ont été interrogés sur la manière dont ils ont pu être attirés sexuellement par des clients, et la manière dont ils ont géré la situation. Tous s’accordent à reconnaitre les moments ou les frontières sont franchies mais le consensus est moins évident lorsqu’il s’agit de fantasmes.
L’attirance sexuelle est considérée comme normale et non nécessairement dommageable pour le patient mais le consensus devient moins précis lorsqu’il s’agit de définir ou commence et ou se termine l’attirance sexuelle. Pour certains, les fantasmes du psychothérapeute sont problématiques, pour d’autres ils font partie du processus psychothérapeutique et doivent être pris en compte par le psychothérapeute. Le psychothérapeute doit prendre conscience de l’attirance sexuelle et des affects qui y sont associés (anxiété, culpabilité, honte) et traiter la question d’une façon qui soit finalement bénéfique pour le patient.
La crispation sur le cadre du traitement est le signe d’un échec de ce processus. Il produit par ailleurs souvent chez le patient l’impression d’être rejeté et peut conduire à une fin prématurée de la psychothérapie. Les postures moralisatrices ou omnipotentes, la projection sur le client des désirs sexuels, les passages à l’acte sous forme de caresses, d’étreintes, les rencontres en dehors du cabinet en sont d’autres signes
Martin, C., Godfrey, M., Meekums, B., and Madill, A. (2011). Managing boundaries under pressure: A qualitative study of therapists’ experiences of sexual attraction in therapy. Counselling and Psychotherapy Research, 11 (4), 248-256 DOI: 10.1080/14733145.2010.519045
jeudi 20 mai 2010
Comment les institutions de psychanalyse ont traité l’affaire Onfray
Il y a peu, Michel Onfray a publié Le Crépuscule d’une idole, l’affabulation freudienne, charge sévère contre le fondateur de la psychanalyse. L’affaire avait fait quelque bruits dans les média. Quelques psychanalystes avaient donné des papiers a des journaux. Des émissions de télévision organisée pour “débattre” avec Michel Onfray. Et puis, l’attention médiatique s’est peu à peu éteinte.
Comment les institutions de psychanalyse ont elle traité “l’affaire Onfray”.
J’ai visité les représentations des principales associations de psychanalyse françaises : la Société Psychanalytique de Paris, le Quatrième Groupe, les Séminaires Psychanalytiques de Paris, la lettre lacanienne, les CCAF , l’École Lacanienne de Psychanalyse, le GRP, la FEDEPSY, le Centre de recherches en psychanalyse et écritures, l’Association Lacanienne Internationale, la Société de psychanalyse freudienne,l’Espace Analytique , le Cercle Freudien, , l’Association Psychanalyse Jacques Lacan, l’Ecole de Psychanalyse des Forums du Champ Lacanien , L’Ecole de la Cause Freudienne, l’Association Psychanalytique de France, l’École de psychanalyse Sigmund Freud, l’Association Analyse Freudienne.
Aucun des sites des associations française de psychanalyse ne parle du livre. Silence total
Pourtant, le livre a bel et bien été discuté sur le réseau. Il y a eu des échanges sur les forums de Oedipe.org et aussi sur Facebook.. On reconnait les même noms qui depuis une dizaine d’année maintiennent le signifiant psychanalyse sur l’Internet.
Je ne pense pas qu’il s’agisse d’une volonté délibérée mais beaucoup plus simplement d’un mésusage du web. La fréquence de publication de ces sites est très faible, et beaucoup se limitent à leur stricte actualité : colloques, parutions, et quelques interview. Malheureusement, aucun ne se sert des outils du web 2.0. Il est par exemple impossible d’embarquer les vidéo publiées sur le site de la SPP ni même de les mettre facilement en lien. Le résultat est logique : les sites apparaissent encore trop souvent comme vitrines ouvertes sur ceux qui sont déjà à bord.
lundi 17 mai 2010
A quoi peut servir l’Internet à un psychanalyste ?
A quoi peut donc servir l’Internet à un psychanalyste ? Après tout, ce dont il a besoin c’est la libre association coté divan, l'abstinence, l'attention flottante et sa formation coté fauteuil et entre les deux l'heureux mélange de tout cela.
A être au contact avec la culture
En une génération si l’on prend en compte la naissance de l’Internet, deux décennies si l’on part du web, une poignée d’année avec le Web 2, le réseau s’est imposé comme un des coeurs de notre culture. De plus en plus souvent, nos actes ont leur ombre sur le réseau, et il arrive de façon aussi fréquente que les ombres numériques tombent dans la réalité tangible. L’internet est devenu le lieu ou se renégocient les identités, les savoirs, les règles commerciales, les droits... C’est une immense technique de soi qui mérite d’autant plus l’attention des psychanalystes qu’elle a tendance à se transformer en dispositif de surveillance au voisinage de tout pouvoir.
A penser une nouvelle matière à penser
Le numérique est un nouveau “médiateur d’humanité (Debray, R et Hugues P., 2000) Après le papier et le tissu, il est la matière dans laquelle nous enveloppons et transmettons nos souvenirs, notre histoire, nos pensées. C’est une matière sur laquelle nous pouvons nous appuyer pour penser le monde. Internet nous propose des représentations de l’état du monde et nous aide à en former de nouvelles. Mais c’est également une matière qui nous aide à penser notre monde interne. Nos conflits, nos empêchements, nos désirs… s’y trouvent représentés par nous même ou par d’autres. Ils peuvent alors trouver une meilleure élaboration après ce détour projectif. Le numérique a également une fonction toxique : la prolifération des images, des contenus, des contacts… met alors à mal les capacités de penser.
A être en lien avec son institution
Des associations de psychanalyse sont présentes sur le Web et diffusent régulièrement des contenus qui peuvent intéresser le psychanalyste : colloques, réunions de travail. Les sites permettent aux analystes d’être en contact avec les intérêts des collègues de leur association. Ils permettent également de suivre l’actualité d’autres associations.
A entendre
La connaissance des mondes numériques peut servir dans le travail clinique. L’internet est devenu pervasif. Son croisement avec la téléphonie mobile et la baisse du coût de la connexion haut débit l’a installé au cœur des foyers. Les patients en ont un usage parfois pluri-quotidien. L’énoncé “Mon ex sait tout sur moi sur Facebook” ne peut être pleinement entendu que si l’on a une connaissance et une compréhension ce qu’est un site de réseau social en général et de Facebook en particulier. C’est à partir de cette connaissance que l’on pourra mieux comprendre les dynamiques en jeu : mouvement paranoïaque, difficultés de séparation, perversion du lien… Toute présence en ligne nécessite la mise en travail de questions qui tournent autour de la représentation de soi, du narcissisme, de l'orgine ou de l’identité. Les adresse email, les blogues, les sites de réseaux sociaux sont autant de silos où des éléments inconscients et préconscients sont déposés. On a là, comme avec les jeux vidéo, du matériel en attente d’être interpréter.
A diffuser le savoir de la psychanalyse
La somme des textes écrits par les psychanalystes est considérable. Sur un sujet, les bibliographies atteignent rapidement quelques dizaines de page. Il devient difficile de s’orienter dans ces savoirs qui fonctionnent alors comme des labyrinthes cryptiques alors qu’ils ne devraient qu’être que des supports au travail clinique. L’Internet peut d’une part aider à mieux diffuser les travaux des psychanalystes dans la culture et d’autre part peut aider à les re-travailler en les triant avec des folksonomies
A se présenter
L’Internet peut servir de répertoire, un peu à la manière des annuaires téléphoniques. Le fait de s’inscrire dans des répertoires permet d’être trouvé par des patients. Il est possible de créer une page sur Facebook et de la dédier à cette fonction. Un blogue peut également être dévolu à cette fonction. Il sera mieux référencé par les moteurs de recherche
A échanger avec ceux qui ne sont pas psychanalystes ou pro-psychanalyse
Nous avons beaucoup souffert des conflits entre la psychanalyse et d’autres techniques psychothérapeutiques ou des techniques éducatives. Quelques uns s’y sont montrés dogmatiques, cristallisant les oppositions de part et d’autres. Les choses changent heureusement : la psychanalyse qui était en situation de monopole dans les années 1970 est devenue une pratique critiquée. Des espaces de travail sont à ouvrir entre la psychanalyse et ce qui n’est pas elle, et ces espaces peuvent exister sur le réseau Internet. Il est en effet facile d’utiliser des dispositifs qui mettent en commun et en partage des documents ou de créer des espaces de rencontre temporaires ou permanents.