L’année 2009 ayant vu la montée en puissance des réseaux sociaux en France, il est assez probable que nous soyons confrontés aux mêmes questions que les anglo-saxons ont rencontré il y a un peu moins de 5 ans. A cette époque, toute une série d’affaire médiatisées ont attiré l’attention du public sur l’usage que faisaient les adolescents des réseaux sociaux. Dans le même temps les adultes et les enfants rencontraient de nouvelles questions : peut-on être l’ami de son enfant sur Facebook ? Peut on avoir sa mère comme follower dans Twitter ?
L’internet étant un espace public de socialisation, les questions que les parents ont rencontré dans les espaces physique et psychologique concernant les limites a apporter à la curiosité, le respect des sphères privées, la constitution des espaces publics et familiaux se reposent à nouveau
De fait, Facebook and co ont souvent été vécus par les plus jeunes comme des espaces qui leur appartenaient. Ce sont les équivalents en ligne des non-lieux dans lesquels leurs parents aimaient à trainer : hall d’immeuble, galerie commerciale, une place publique….Les parents y ont été persona non grata à tel point qu’une pétition a été mise en ligne pour empêcher leur arrivée. Les choses ont quelque peu changé aujourd’hui puisque non seulement les parents sont sur Facebook, mais aussi les grands parents y ont fait leur entrée !
Il y a deux séries de questions. La première est de permettre à des adolescents d’avoir leurs espaces où vivre leur adolescence. L’internet est un de ces espace aujourd’hui. On y flirte, on y joue, on s’y retrouve, on s’y perd, on s’y ennuie avec cette intensité que donne l’adolescence. Mais il est nécessaire que les adultes puissent veiller à ce que les choses se passent bien. C’est un équilibre délicat, car on peut rapidement passer de la bienveillance à la surveillance ce qui conduirait les adolescents a plonger dans des couches profondes du réseau et donc à être hors de portée du secours des adultes.
La seconde question tient au fait que l’Internet est un espace social. La bonne nouvelle est qu’il est possible de régler les dispositifs de façon à différencier ce qui peut être commun de ce qui peut être partagé. On peut ainsi avoir en commun avec sont enfant Facebook mais ne pas partager les updates sur sa vie amoureuse ou sexuelle : un enfant n’est pas un ami.
Discutez avec votre enfant de ses usages de l’Internet. Quels sont ses sites favoris ? Pourquoi a-t-il une préférence pour celui-ci plutôt que pour celui-là ? L’idée est de l’aider à se créer des représentations sur ses usages et à mieux comprendre les dynamiques sous-jacentes au réseau. Par exemple, on aura tendance a utiliser les même outils et les même sites que son groupe d’amis alors que l’on peut avoir des fonctions similaires avec un outil différents. Trillian est un excellent système de messagerie instantanée supportant MSN, Yahoo!, AIM … et il est pourtant bien moins utilisé par les adolescents que MSN. Blogue-t-il ? Accepte—t-il de parler de ce qu’il écrit en ligne ? Que fait il des commentaires ? Les recherche-t-il ?
Pour aider votre enfant à se former des représentations sur le réseau, il faut que vous ayez vous même quelques compétences sur la question. Créez des comptes dans différents réseaux sociaux, comprenez en les logiques et les impasses et partagez vos vues avec votre enfant. Il ne s’agit pas de créer un espace pour surveiller les activités de votre enfant en ligne. De tels mélanges ne donnent jamais de bons résultats. Il s’agit bien plutôt de créer des conversations à partir de ce qui est maintenant un des cœurs de notre culture
Discutez avec votre enfant de l’image qui les représente et essayez de comprendre avec lui pourquoi cette image lui semble importante. Que cherche-t-il en s’identifiant a cette image ? A séduire ? A agresser ? A choquer ? A se souvenir de quelque pour lui ? S’il joue à un MMO, ou en est il dans la progression de son personnage ? A-t-il atteint le Haut Level ? Est-il guildé ? A-t-il des responsabilité dans la guide ? Quelles quêtes et instances doit il se préparer à faire ? Comment se sont passées ses dernières instances ?
Discutez des questions privé / public avec votre enfant. Les données qui sont partagées sur Internet ne lui appartiennent plus tout à fait. Apprenez lui a lire les CUF des services en ligne. Aidez le à prendre conscience du fait qu’un document en ligne a sa propre vie et qu’il peut être répercuté parfois très loin de son point d’origine.
Souvenez vous que la pédagogie de la peur est totalement contre-productive. Les espaces en ligne sont pour beaucoup d’adolescents intégrés dans leur vie. Ils y poursuivent des échanges qui ont eu lieu dans l’espace physique; ils y vivent les questions de la séparation d’une façon différente de la notre; la notion du temps est elle même changée puisque une activité de groupe peut être mis en place à la volée alors que leurs parents devaient s’y prendre à l’avance. Tous ces éléments font qu’aucune menace ne les détournera de l’Internet. Par ailleurs, il serait assez contradictoire de tenter de les éloigner du réseau alors qu’ils y seront plongés quelques années plus tard dans leur vie professionnelle.
Ne comptez pas sur les logiciels de protection parentale. Ces logiciels peuvent être efficaces en empêchant l’accès a un contenu jugé inopportun pour un enfant. Mais en aucun cas ils n’assurent une fonction de protection parentale. L’interdit d’un parent est quelque chose qui “défend” l’enfant; il est donné au service de l’enfant. Ces logiciels empêchent l’accès à un contenu. Il n’y a pas un interdit mais juste une impossibilité et il faut s’attendre a ce que l’enfant utilise son intelligence pour contourne ce problème. L’interdit d’un parent est d’une toute autre nature : c’est une parole qui barre la réalisation d’un désir parce que cette réalisation porterait tord à l’enfant. L’enfant intériorise cet interdit et se tient à distance des situations qui pourraient lui porter préjudice
Discutez du harcèlement en ligne. En a t il été victime ? Connait il des cas de harcèlement ? Sait il comment s’en protéger ? Apprenez a votre enfant les bonnes pratiques de la sécurité en ligne : un mot de passe différent pour chaque compte, et le changement régulier des mots de passe. Veillez a ce que les usages du réseau puissent être discutés dans un climat détendu : c’est a cette condition que votre enfant viendra vers vous pour vous faire part des problèmes qu’il rencontre en ligne;
Bref comme toujours, c'est le dialogue qui prime ! Merci pour ces salutaires rappels...
RépondreSupprimerAmusant comme justement aujourd'hui, mon ado est venu me demander l'autorisation de se créer un compte sur youtube "tu comprends, avant, je n'en voyais pas l'intérêt parce que je n'avais pas de video à télétransmettre" (upload ?). Nous avons de nouveau discuté de tous ces points que tu récapitules ici - ton billet me permet de vérifier que je suis donc au point !
RépondreSupprimerEt le point que tu soulignes, comme quoi il faut être un minimum soi-même au courant du fonctionnement des réseaux sociaux me semble être ce qui permet un échange valable.
J'apprécie particulièrement le paragraphe relatif aux logiciels de protection parentale qui "interdisent" l'accès (dont se contournent ... et ils sont beaucoup plus forts que nous pour çà) versus les parents qui défendent (dans le sens de protéger) l'accès à tel ou tel site, la nuance est subtile mais elle est très claire ici
RépondreSupprimerIl ne me serait pas venu à l'idée de parfaire ma formation pour aider la sienne...
RépondreSupprimerJe vous remercie pour cette article qui me conforte dans mes chois tout en m'apportant d'autres pistes!!!
MERCI!
Si on interdit: ils foncent!
RépondreSupprimerSi on leur apprend, ils naviguent...
La peur des parents, on n'y peut pas grand chose, mais c'est là parfois qu'est le hic.
Plutôt que d'avoir peur, mieux vaut cerner le problème et chercher ensemble des solutions...
Très intéressant cet article ! Je suis trop jeune pour avoir des enfants, mais je pense que c'est la bonne marche à suivre :).
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