jeudi 31 décembre 2009

Les Nouvelles Addictions

 

A Bucketful of Sugar
'A Bucketful of Sugar' by Lee Nachtigal via Flickr . Image is licenced under a Creative Commons Attribution licence

 

Depuis quelques temps, notre jeunesse est occupée à d’étranges jeux. Dans l’un d’eux, il doivent empiler des paralépipèdes de bois de 10 centimètres de longueur et de 5 millimètres d’épaisseur. Le jeu consiste à empiler la plus grande hauteur possible ou encore de copier des motifs.  On peut aussi les voir jouer avec des personnages de plastique, inventant des histoires à partir de ces objets inertes. Dans les cours de récréation, on ne joue plus à Nintendogs ou à Legend of Zelda mais au Loup ! Les enfants se courent après et doivent s’attraper. Pris dans l’excitation du jeu, il arrive que certaines saisies et certaines poussées soient trop brutales et, inévitablement, les cas d’accident se multiplient.

Il n’y a rien de moins créatif que ces jeux, et les parents devraient s’alarmer de ce que leurs enfants se détournent ainsi de ce qui consiste le cœur de nos sociétés. Voire ainsi toute une génération refuser l’héritage de ses pères en tournant le dos aux matières numériques qui ont donné à la fois tant de beauté et tant d’intelligence à nos civilisation est alarmant.

Jusqu’ici, nous avons bâti notre culture sur le numérique. Ses capacités de stockage infini, la possibilité d’éditer tout objet et de le transformer, la possibilité de sauvegarder et de détruire et celle de partager avec d’autres les objets ont été les éléments sur lesquels nos savoirs se sont construits et transmis. Ce qui circule ainsi dans nos sociétés, ce ne sont pas seulement des bits mis en lien par le réseau. Ce qui est au cœur de notre culture, c’est la complexité, et c’est de cette complexité que le numérique est à la fois le vecteur et l’image.

Une simple quête de Legend of Zelda ou de World of Warcraft fait surgir succession de quêtes emboitées les unes dans les autres. Il faut se souvenir des lieux, de la chose à faire, des personnages. Il faut construire la narration, il faut élaborer des hypothèses, il faut construire des stratégies. La complexité augmente encore lorsque l’on joue en multijoueur puisqu’il faut accorder les délicats mécanismes sociaux pour pouvoir réussir la quête.

Voila que maintenant des enfants tournent le dos aux apprentissages premiers de la complexité ?

Quels types d’adultes est ce que ces enfants deviendront ? Déjà, des spécialistes parlent d’addiction au off. Il s’agit de personnes passant un temps considérable dans des activités qui n’ont rien a voir avec le numérique, et qui éprouvent le besoin de se déconnecter. Ces enfants ne sont plus occupé par leurs réseaux sociaux. Ils ne socialisent plus. Ils n’apprennent plus rien. Ils se perdent dans des mondes de sensations. Ils ne sont plus au contact avec la complexité et la diversité. Ce que le off leur apporte, c’est un monde simplifié.

On peut comprendre ce que cette simplification peut avoir d’attrayant sur les âmes les plus jeunes. Les enfants ont en effet toujours tendance a privilégier le plaisir le plus immédiat. Ils ne voient pas les gains du dur farming et du hardcore gaming. A l’extrême complexité des mondes numériques, il préfèrent l’immédiate simplicité de la réalité.

Il n’est pas besoin d’être un grand spécialiste en psychologie pour comprendre l’attrait que le off exerce sur les plus jeunes et les plus faibles. Le contact direct, non médiatisé, procure d’immenses plaisirs qui sont d’autant plus préjudiciables que l’immaturité de l’enfant ne lui permet pas d’y faire face. Aux médiations numériques se substituent l’accès immédiat à des objets qui suscitent des sensations d’autant plus fortes qu’elles touchent ce que notre système nerveux à de plus archaïque.  Bien évidement que toucher, courir, ou faire usage de sa force sont des choses plaisantes. Mais, ces plaisirs doivent être maitrisés, et surtout, ils ne doivent pas occuper tout le temps de l’enfant !

Est-il besoin de stimuler avec tant de force nos instincts les plus bas ? Et, encore une fois, quel avenir nous préparons nous en laissant nos enfants être ainsi sur-stimulés sans médiation ?

 

Mots clés Technorati : ,,

vendredi 18 décembre 2009

Vous êtes stresse ? il y a une application pour cela

deepakchopra2

Tous ceux qui ne peuvent s’empêcher de tripoter leur iphone, de basculer d’un écran à un autre, puis de revenir, de lancer une application puis la fermer,ont maintenant une excuse officielle pour ne pas être capable de se séparer de leur fétiche.

L’application Stress Free développée par Deepak Chopra mélange les principes védiques au la psychologie positive. L’application est sensée vous introduire a la musithérapie, le yoga, la journal thérapie… Il existe un volet communautaire permettant d’envoyer des messages positifs

Elle a le défaut de stresser votre portefeuille car il vous en coutera 7,99 euros.

D’autres applications iPhone anti-stress

jeudi 17 décembre 2009

Le sommeil, une façon de gérer le temps ?

http://www.gb-agencement.com/contents/media/oreiller-traversin.jpg

Nous ne sommes pas tous égaux devant le sommeil. Certains se contentent de très peu de sommeil et d’autres ont besoin de dormir 9 ou 10 heures par jour. On connait l’exemple célèbre de Napoléon qui ne dormait qu’un couple d’heures par nuit. Dans le régne animal, il existe également des disparités : le lion écrase ses 14 heures tandis que la girafe ne dort que 5 heures !

Jusque là, le sommeil était principalement compris comme un temps de consolidation des apprentissages et des mémoires. Cette consolidation se fait pendant la phase de sommeil paradoxal, au moment ou nous rêvons.

Le fait de ne pas pouvoir bénéficier de ce temps de recharge était considéré comme néfaste. Pourtant, il existe des animaux qui traversent des périodes prolongées d’actitivé sans dommage. certains cétacés ont même une période d’activité intense après la naissance  alors que la plupart des nouveaux-nés plongent dans le sommeil après leur naissance !

Pour Jérôme Siegel, le sommeil est une “inactivité adaptée” Ce n’est pas seulement un état de grande vulnérabilité ni une d’inactivité incompatible avec la reproduction des espèces ou la survie des individus. Le sommeil est une optimise le timing de ces comportements.

Ne dites plus que vous dormez. Dites que vous gérez votre temps !

 

Sources

Nat Rev Neurosci. 2009 Oct;10(10):747-53. Epub 2009 Aug 5. Sleep viewed as a state of adaptive inactivity. Siegel JM.

Nature 441, E9-E10 (22 June 2006) | doi:10.1038/nature04898; Published online 21 June 2006 Sleep behaviour: Sleep in continuously active dolphins  Yuske Sekiguchi, Kazutoshi Arai & Shiro Kohshima

mercredi 16 décembre 2009

L’interieur des psy

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Ce qui frappe lorsque l’on regarde le cabinet de Sigmund Freud, c’est le l’abondance. Le bureau est encombré de statuettes qui débordent jusque sur des étagères,  le divan est déjà occupé par d’immenses coussins, par terre des tapis… Il semble qu’il n’y ait pas un seul centimètre carré ou le regard puisse rencontre du vide. La présence du maitre des lieux est sensible partout !

Nous savons que la façon dont une personne aménage son espace de travail est un reflet de son propre fonctionnement psychique, de l’image qu’il veut donner et même de la place qu’il fait aux autres. Un autre environnement serait-il plus propice au travail psychique ?

C’est a cette question qu’une expérience de psychologie menée par Ann Devlin a tenté de répondre. Deux environnements ont été présenté à 227 personnes. Dans le premier, les murs sont nus, et le cabinet est décoré de façon minimaliste. Dans le second, il est richement décoré des diplômes du psychothérapeute et des éléments personnes trônent sur le bureau. Les personnes étaient ensuite interrogées sur les compétences du psychothérapeute.

L’environnement le plus personnalisé était attribué à un psychothérapeute doué, compétent, amical, chaleureux et intéressé par ses clients. Curieusement, plus il y a de diplômes sur le mur, plus les jugements sont positifs et plus le psychothérapeute est décrit comme amical et efficace.

L’affichage des diplômes fait vraiment la différence car la présence ou l’absence de photos personnelles sur le bureau n’apporte pas de changement dans les jugements même si les personnes questionnées n’évoquent jamais leur présence comme choquante.

 

L’étude :  Devlin, A., Donovan, S., Nicolov, A., Nold, O., Packard, A., & Zandan, G. (2009). “Impressive?” Credentials, family photographs, and the perception of therapist qualities. Journal of Environmental Psychology, 29 (4), 503-512 DOI: 10.1016/j.jenvp.2009.08.008

lundi 30 novembre 2009

Quand les objets nous font mentir

Les objets sont des compagnons de notre vie psychique. Nous en avons quelques preuves dans notre vie quotidienne : nous sommes plus à l’aise dans tel vêtement particulier; nous connaissons les effets de cohésion de l’uniforme; et les proverbes comme “l’habit fait le moine” maintiennent dans la culture la conscience de l’influence du monde non-humain sur le fonctionnement psychique.

Une expérience publiée dans Psychology science, The Counterfeit Self: The Deceptive Costs of Faking It [PDF]  le met en évidence : porter des objets contrefaits conduit a la fois à agir de façon amorale et à juger les autres de la même manière.

Dans cette expérience, certains sujets portaient des lunettes de marque et d’autres des lunettes contrefaites. En fait, tout le monde portait des contrefaçons mais seuls ceux qui pensaient porter des objets contrefaits se conduisaient de façon malhonnête. Ils avaient également plus tendance à répondre “oui” aux questions du type “je ne me connais pas vraiment” ou “je me sens aliéné”

Autrement dit, faire semblant “en surface” avec des objets à un impact sur la façon dont on se  perçoit profondément. Pour l’auteur de l’étude le processus est le suivant : les contrefaçons sont un marché de dupes. Apparemment, ils accroissement l’estime de soi puisque l’on porte un objet qui a une forte valeur. Mais en fait, secrètement, ils la diminuent et diminuent le sens moral puisque je sais que je triche. Cette connaissance a un effet sur la façon dont je perçois l’environnement  et sur mes actes : si j’ai triché, peut être est ce que les autres aussi ont triché; si j’ai triché (sans être pris), alors je peux faire d’autre tricheries

Mais ce n’est là qu’une partie du chemin. Cela voudrait dire qu’il suffirait de porter des objets de marque pour nous conduire de façon morale ou d’une façon conforme au storytelling de ce ces marques.

Les résultats de cette expérience ne peuvent se comprendre que si l’on prend en compte que les objets sont médiateurs de notre vie psychique. Ils sont autant des reflets de nos états internes que leurs antichambres. Nous choisissons nos objets d’ornement  en fonction de nos états internes et ces objets ont un impact sur la façon dont nous nous percevons parce que nous avons avec les objets, avec tous les objets, une relation intime et profonde.

samedi 28 novembre 2009

9’29 de hacks

C’est devenu un classique du cinéma : la scène de hack. Une personne s’introduit dans le réseau  ou force un ordinateur. C’est un moment qui est toujours très chargé dramatiquement, parce qu’il porte des fantasmes d’intrusion et de possession.

Comment souvent dans les mondes numériques, il s’agit là de fantasmes archaïques par lesquels l’enfant se représente pénétrant le corps maternel pour le contrôler de l’intérieur ou le détruire.

A voir certaines scènes, cela peut aussi être source de joie ou de jouissance

Hit me !

 

 

dimanche 22 novembre 2009

La fessee

Max Ernst, La Vierge Marie donnant une fessée à l'Enfant Jésus. © ADAGP, Paris, 2005

La fessée est une pratique brutale, violente, et qui a une valeur pédagogique nulle.

Le tollé suscité par la proposition de loi de Edwige Antier visant à interdire la fessée montre cependant a quel point il existe un clivage entre ce que chacun peut accepter intellectuellement et ce qu’il est prêt a admettre.

La fessée ? Après tout, il ne s’agit là que d’un geste d’impatience face à un enfant qui se refuse à obéir. On remarquera que l’impatience est comprise et tolérée pour l’adulte, alors qu’elle ne l’est pas lorsqu’il s’agit de l’enfant. Devant un enfant impatient qui lève la main sur un camarade, on s’offusquera. Si c’est un parent qu’il menace, on se scandalisera. Pourquoi ? Il ne fait pourtant que ce que fait tout enfant : suivre l’exemple de ses parents. Si ceux ci se laissent aller à leur violence, pourquoi ne le ferait il pas ?

On peut pourtant penser qu’un enfant est moins à même de contenir ses désirs précisément du fait de son statut d’enfant. Il n’a pas la même perception du temps qu’un adulte, il n’est pas soumis aux même exigences sociales, il a une perception de la réalité qui est très imprégnée de son imaginaire,  et il n’y a pas si longtemps que cela son immaturité totale lui laissait penser, pour peu qu’il ait été dans un environnement suffisamment bon, que tous ses désirs pouvaient être exaucés.

Que le travail d’éducation des parents vise à aider l’enfant à satisfaire ses désirs dans les cadres déterminés par la culture dans laquelle il vit, cela est évident. Mais en quoi se laisser aller a la satisfaction immédiate de violence en battant pourrait avoir une quelconque vertu ?

En rien.  Pire : un enfant battu est un enfant humilié.

Un enfant confronté a la violence parentale est un enfant qui vit une situation traumatique. En soi, sa situation d’enfant le place déjà dans une position déséquilibrée, inégalitaire : son corps minuscule fait face a l’immensité des corps adultes, à leur voix qui tonne, à leur force immense, à leur habilité prodigieuse. Ce déséquilibre a été engrammé dans les cultures sous la forme de contes dans lesquels un héros triomphe de géants.

Ce que l’enfant  vit pendant la fessée, c’est la confrontation avec un parent qui déchoit de son statut de parent, un parent dont le visage se transforme sous l’effet de la colère, un parent qui ne peut plus contenir les fantasmes agressifs, violents, et finalement, les fantasmes de mort qu’il nourrit vis à vis de son enfant. De son coté, l’enfant battu est lui même aux prises avec des fantasmes de mort : il veut frapper comme il a été frappé, il veut briser comme il a été brisé, il veut, en définitive, la mort de celui qui l’a agressé.

Ces désirs, en soi, qu’il s’agisse de ceux du parent ou de l’enfant ne sont pas répréhensibles. Les choses sont différentes selon qu’il s’agit de l’adulte ou de l’enfant. Du coté de l’adulte, ce qui est dommageable, c’est de se laisser aller à satisfaire directement des désirs agressifs. Du coté de l’enfant, ce qui est dommageable, c’est de vivre des désir comme “mauvais”. Comme la fessée est donnée “pour son bien”, et par son parent, il ne peut s’empêcher de les vivre  avec une pointe de honte et de culpabilité.

Voilà donc un point de fixation possible aux névroses de l’enfant de l’age adulte.

Il est possible d’élever un enfant sans le battre d’aucune façon, et même sans exercer de violence sur sa personne. Cela nécessite de la part du parent un travail sans doute plus important : il doit contenir ce que l’enfant ne peut pour l’instant contenir, et le transformer suffisamment en attendant que l’enfant puisse le faire pour lui. Cela fait partie de la fonction même de parents qui sont des individus au service de la croissance bio-psychologique d’un l’enfant : ils sont des tuteurs, et doivent s’effacer dès que l’enfant peut assurer pour lui-même la fonction que les parents assuraient jusque là.

 

Les parents s’épargneraient bien des problèmes s’ils prenaient conscience que leur enfant n’a pas a leur obéir. Leur enfant doit apprendre a assurer sa sécurité, puis celle des autres, et se conduire d’une façon honorable. Demander a un enfant a obéir a ses parents, et le punir en cas de désobéissance est la meilleure façon d’aider a construire des adultes soumis a l’autorité ou la refusant de façon névrotique. Obéir a la loi est une exigence bien plus grande que de satisfaire papa et maman, et les fruits de cette exigence sont alors bien plus grands. Mais il faut d’abord que les parents montrent l’exemple.

samedi 21 novembre 2009

Souriez vous etes filmes

http://www.businessattitude.fr/images/londres/cctv.jpg

J’ai toujours trouvé d’une hypocrisie totale les “Souriez vous êtes filmés” et autres “Pour votre sécurité, ce magasin est sous vidéo surveillance”. D’abord parce que le premier impératif confond la sphère privée et la sphère publique, qu’il fait semblant de croire que notre humeur devrait toujours être joyeuse, et qu’il force l’émotion que nous devons ressentir. Ensuite, parce que nous savons bien que les caméra de surveillance ne sont pas là pour les personnes mais pour les biens. Toute personne qui a été bébé un jour sait que sa sécurité dépend avant tout d’un autre être humain

En Angleterre, le tissu urbain se parsème de dispositifs de vidéo surveillance, avec comme justification le fait qu’elles sont un facteur de réassurance. Une étude conduite par Dave Williams et Jobuda Ahmed a montré des résultats opposés .

Le protocole était le suivant : on a présenté a 120 participants un centre ville fictif dans lequel on pouvait voir un skinhead et ou une caméra de surveillance. Les participants étaient moins enclins à idre qu’ils se promèneraient dans ce centre ville lorsque qu’ils étaient confrontés à la combinaison skinhead et caméra de surveillance. En somme, la présence de caméra accroit la projection de préjugés sur les skinhead et provoque des réactions de peur.

Le bilan des caméra de surveillance quant à la réduction de la criminalité est plus mitigé. Malgré un grand effort d’équipement (plus de 4 millions d’unités)  elles n’ont pas eu de résultat probant en Angleterre. Au mieux, la criminalité se déplace des centres commerciaux vers les zones résidentielles.

Voilà donc un dispositif dont l’efficacité n’est pas probante, qui coûte des fortunes, et qui se développe de plus en plus.

 

L’étude : The relationship between antisocial stereotypes and public CCTV systems: exploring fear of crime in the modern surveillance society. Dave Williams & Jobuda Ahmed

vendredi 20 novembre 2009

100 expériences de psychologie pour mieux comprendre votre bébé

100 expériences de psychologie pour mieux comprendre votre bébé de Serge Cicoctti mérite le détour. Non pas parce que qu'il permet de mieux comprendre son bébé : la connaissance et la compréhension sont deux choses très diffrérentes. Il m"rite le détour parce qu'il regroupe toute une série d' expériences qui mettent bien en évidence les compétences précoces du bébé humain et sur le faisceau de relations qui sont nécessaires à sa bonne croissance.

Les expériences qui sont rapportées concernent surtout la période péri-natale. L'extraordinaire appétance du nourrisson pour l'autre et sa focalisation sur le visage humain (Bowlby en avait fait un organisateur du psychisme) se rencontre pratiquement à toutes les pages. On pourra y apprendre, ou le redécouvrir les capacités et de discirimation fine dont est capable le petit d'homme dès sa naissance.

On met souvent l'accent sur le fait que le bébé doive découvrir un tout nouveau monde à la naissance. Outre le fait que cela n'est pas tout à fait exact - il en a in utero une perception par l'audition, et kinesthésique via les mouvements qu'il ressent - cela laisse dans l'ombre le fait que les parents ont également à (re)découvrir le monde de leur bébé. Ils le font a partir des éléments donnés par leur culture, qui prescrivent les "bonnes" façons de s'occuper d'un enfant, et aussi à partir de leurs capacités à s'identifier à leur bébé. Les adultes font donc face à un inconnu (le bébé) qui leur est aussi familier. C'est, comme on dit, "leur" enfant, c'est a dire que c'est l'enfant qu'ils ont imagé, mais c'est aussi l'enfant qu'ils ont été, et même l'enfant qu'ils ont été pour leurs propres parents.

Pour aider à cette re-découverte, les adultes ont des capacités étonnantes. par exemple,  des mères reconnaissent leur nouveau né d’après une photo ou d’après l’odeur ; les pères reconnaissent leur enfant au toucher, dans la période sensible que constitue le post-partum.

Mais après tout, est ce si étonnant, si l'on garde à l'esprit que les parents avant tout de vieux bébés ?

mercredi 18 novembre 2009

2012

2012 est un film catastrophe qui met en scène la destruction méthodique de la planète. Le scénario est simple : une prédiction maya qui se réalise, comme toujours dans ce type de film.

Ces films se font de plus en plus fréquents. Depuis 1910, leur nombre n’a pas cessé d’augmenter avec un pic pendant la période 1971-1980. Ainsi, on a vu des extra-terrestres envahir notre planète, les météorites la détruire, un bateau rencontrer un iceberg ou une vague scélérate, ou encore une tour finir en flammes.

L’extension des films catastrophe n’est pas à mettre uniquement sur le compte des progrès techniques qui facilitent la mise en images. Ils témoignent également des extensions des insécurités individuelles et collectives devant des changements et les exigences qu’ils portent. Le cinéma, parce qu’il est un produit culturel, et parce qu’il manipule des images, est a une place parfaite pour capter ces insécurités. Ainsi, le pic de production de films catastrophe en 1971-1980 est aussi a comprendre comme une tentative d’aménagement des bouleversements sociaux de cette période et leur impact sur les psyché individuelles

Les salles de cinéma sont des dispositifs collectifs pour symboliser des situations collectives ou individuelles. Elles nous permettent d’abord d’éprouver en groupe, et de façon synchrone des émotions. Elles nous donnent des manières d’être et des manières de penser en proposant des modèles identificatoires. Cette symbolisation peut se faire par le biais de la narration ou par la mise en image.

Les images projetées sur les écrans de cinéma sont autant de point d’appuis potentiel pour penser les images internes, conscientes et inconscientes. En ce sens, le cinéma est un écran pour les pensées : il est le lieu ou des pensées sont re-présentées et peuvent donc être repensées.

Dans le vaste univers du cinéma, les films catastrophe ont une place à part.  La narration y est réduite a l’essentiel et ce qui est mis en avant, c’est la mise en images. La puissance évocatrice et métaphorique de celles-ci y est poussée à son comble. Le temps est celui de l’action, et répits ne sont qu’une façon de préparer le spectateur a une scène encore plus forte

Marcel et Patricia Thaon ont montré que ce genre de film mettait principalement en scène des angoisses archaïques portant sur la perte des limites et les défenses qui lui correspondent. Le cinéma, produit de groupe, a ainsi successivement mis en image les défenses maniaques avec les comédies musicales, les idéaux grandioses et les défenses paranoïdes avec les films à grand spectacle.

Ces défenses et ces angoisses ont été primitivement décrites par la psychanalyste Melanie Klein. Pour Melanie Klein, a ses étapes précoces de son développement, l’enfant est surtout occupé a des mécanismes de défense qui prennent très imparfaitement en compte la réalité. L’idéalisation attribue aux objets des qualités qu’ils s’ont loin d’avoir, avec comme retour immédiat pour le Moi de l’enfant la sensation d’être écrasé devant de tels objets. Le clivage les fait tantôt parfaitement “bon”, tantôt parfaitement “mauvais”. La projection tente d’installer a l’extérieur du psychisme de l’enfant tout ce qu’il ne peut pas penser dans l’immédiat. Ces mécanismes portent sur des objets imaginaires : fèces, pénis paternel, sein maternel… dont la vie est fantasmée comme se déroulant à l’intérieur de l’espace maternel. Avec le développement psychologique, et les bonnes actions de l’environnement, ces angoisses aigues trouvent à s’apaiser et l’enfant peut prendre de mieux en compte l’objet dans toutes ses qualités : il n’est pas tout “bon” ou “mauvais”, mais parfois l’un puis l’autre, et même parfois l’un et l’autre en même temps.

Ce sont ces même angoisses et défenses que l’on trouve avec les films catastrophe. La bande annonce de 2012 l’exemplifie parfaitement : Le Christ Rédempteur du Corcovado qui s’effondre; la peinture de la Chapelle Sixtine qui se lézarde, voilà dans le même moment convoquées des images parentales grandioses et leur destruction. Le message est clair : les instances tutélaires qui nous protégeaient sont détruites. Les parents apparaissent en majesté juste le temps de dire que les liens sont rompus : les bras du Christ du Corvocado tombent : ils ne soutiendront ni n’étreindront jamais personne; le Dieu de la chapelle Sixtine ne donnera jamais la vie au premier homme.

La disparition de ces représentations paternelles symboliques ouvrent à la plongée dans le monde maternel. Plus rien ne vient protéger les enfants et c’est d’ailleurs tout le propos du film : en 2012, que feront les gouvernements de la terre devant l’imminence de sa destruction ? Rien.

Une fois les représentations symboliques des parents disparues, les angoisses les plus profondes devant la mère archaïque  peuvent apparaitre : angoisse d’effondrement devant la terre qui s’ouvre; angoisse de morcellement devant ces immeubles qui partent en lambeaux; angoisses de persécutions devant cette faille qui semble poursuivre les héros; angoisse d’annihilation devant les menaces constantes sur la vie de tous et de chacun.

Autrement dit, la terre comme représentation maternelle perd sa fonction de soutènement; elle n’est plus un refuge, mais un danger ; elle n’est plus nourricière, mais destructrice. Elle ne nourrit plus des milliards de bouches, mais devient elle même des bouches qui engouffrent des villes entières. Ce n’est pas l’enfant qui est avide du sein ; c’est la mère qui est porteuse de ce désir.

Le mouvement projectif est également une reconnaissance à minima des dégâts provoqués par l’envie de l’enfant (spectateur). La terre (mère) est épuisée de l’industrie des hommes. Elle a trop donné, elle est devenue incapable de nourrir ses enfants. Il va donc falloir aller trouver son bonheur ailleurs. Il s’agit là de ce que Marcel et Patricia Thaon appellent une représentation dépressive de la perte du contenant maternel : le corps maternel a été percé et son intérieur est détruit. On trouve d’autres représentations de la destruction d’une enveloppe avec la focalisation sur le gondolement de la surface terrestre, le recouvrement de la terre par la mère ou encore l’impact des projectiles volcaniques. Toutes ces déformations sont des représentations de représentation de signifiants formels : une enveloppe se déforme, une bulle éclate.

La séquence donnée en introduction de ce texte donne une représentation du fantasme des parents combinés. Par ce fantasme, chacun se représente l’union sexuel des parents. parcours trajet de la longue limousine noire représente le pénis paternel se frayant un passage à l’intérieur du corps maternel. Il ne fuit pas devant des gouffres sans fond : il les produit. C’est un coït violent qui détruit l’intérieur maternel. Les secousses sismiques, les éruptions volcaniques, les raz-de-marée ne sont que les réactions de la mère devant l’intrusion du pénis paternel. Comme on on le retrouver dans certaine théories sexuelles infantiles, le pénis paternel est chargé d’enfants. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ici, ils sont terrifiés devant la puissance paternelle.

Dans ce chaos, le monde humain se divise en deux parties. La première est constituée par tous ceux qui sont voués à la destruction. La seconde est constituée par le héros et son groupe. Le clivage permet au spectateur de supporter la destruction du monde tout en en maintenant une partie qui en serait sauf. La partie détruite est porteuse de mouvements de haine et d’envie vis à vis de la mère et de ce qu’elle contient, tandis que la persévération d’un groupe constitue une zone dans laquelle ces mouvements sont absents. Ces mouvements sont pourtant à l’intérieur du groupe. Patricia et Marcel Thaon ont été les premiers a remarquer que le leader du groupe est souvent quelqu’un qui a des difficultés personnelles : il est a l’écart de sa famille, les choses ne se passent pas très bien dans sont travail, ou il est en peine de reconnaissance. Bref, c’est un boiteux qui fera ses preuves en traversant les catastrophes.

Peut être sortirons nous aussi transfiguré des salles de cinéma.

dimanche 15 novembre 2009

De la psychologie sur Youtube

On trouve de la psychologie sur TouTube mais il faut reconnaitre que l’on trouve beaucoup de vidéo qui ne rendent pas justice a la psychologie comme discipline. Aussi prendra soin de bien vérifier la source.

 

douglasInstitute Le Douglas Institute propose une série de vidéos intéressantes. Comme le logo le laisse clairement entendre, l’angle des cours est souvent “neuro”. Pour un français, il est très intéressant de voir comment la psychologie est enseignée au Québec et d’une manière générale, le vidéo sont de bonne qualité

 

Carrefour et médiation qui organise chaque année un colloque a commencé à mettre en ligne quelques vidéos.

Les anglophones auront la chance d’avoir accès aux vidéos anglaises sur Youtube Edu. Les quelques 600 vidéos traitent de sujets très divers.

 

A vos podcasts !

De la psychologie sur iTunes

 

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On trouve de la psychologie jusque dans iTunes. L’offre y est même pléthorique : entre La psychologie au quotidien de Cyril Malka et  l’émission de Radio Notre Dame en passant par le podcast de Neopodia on trouve vraiment de tout.

Je recommanderais tout particulièrement le podcast de la faculté de psychologie de Lyon 2

Dans le paysage de la psychologie française, Lyon a une place a part qui se confirme de plus en plus. C’est de l’université de Lyon que sont venue les théorisations qui ont le plus apporté a la la psychanalyse. René Kaës y a développé pendant des années une théorie psychanalytique des groupes. René Roussillon a travaillé sur des états très archaïques et a rapporté de ses voyages au travers de l’agonie psychique des merveilles : une théorisation de la symbolisation, le médium malléable. Voir donc les cours de René Roussillon diffusés gratuitement sur iTunes est vraiment une bonne nouvelle

Certes, le contenu y sera peut-être parfois un peu ardu que certains podcasts. Mais la psychologie clinique est une discipline complexe et les théorisations qu’on y fait ne sauraient toujours être simples. Plus l’offre du type de celle de l’université de Lyon sera abondante, moins l’on risquera d’être au contact de contenus farfelus

Les cours de M1 de René Roussillon sont disponibles ici : lien 

Les cours de M1 d’Alain Ferrant : lien

vendredi 13 novembre 2009

YouTube Edu et la psychologie

Tout le monde connait YouTube, le site de partage de vidéo. Celui ou l'on trouve les jolies images de chat, les clips de Michael Jackson ou les vidéos de ministres de la république française plaisantant sur les auvergnats ? YouTube, c'est 13 heures de vidéo uploadé chaque heure, c'est 412 années de vidéo, c'est un million de vidéo vues par jour, c'est... un léviathan


Le site vient de mettre en ligne une version académique : YouTude edu rassemble les grandes universités de plusieurs pays. On y trouve déjà quelques vidéos sur la psychologie faites par l'université de Berkeley. En cherchant un peu, on trouve aussi quelques vidéo sur la psychopathologie

Quand verra-t-on des vidéo éditées par les universités francophones ?

BenX

D'un coté le harcèlement, la violence, l'humiliation, les coups, le vol. De l'autre les aventures palpitantes, la belle Scarlite, la force et la puissance, le plaisir de jouer.

A coté, ou entre de ces deux mondes, il en existe un troisième, celui des rituels plus ou moins étranges qui entourent la vie de Ben. Chaque monde est comme un aspect de sa personne et il tente de faire communiquer les uns avec les autres. Maltraité par les autres élèves, il se réfugie dans un monde imaginaire, cherchant dans des scènes du MMO Archlord des manières de se conduire ou de réagir.  Bien évidement, cette façon de faire échoue. Elle échoue non pas parce que Ben/BenX ne prend pas suffisamment en compte la réalité : il n'est pas halluciné ou délirant. Elle échoue parce qu'il utilise des séquences d'Archlord comme des patchs.

BenX est un film de Nic Balthazar et est issu d'une longue maturation. Nic Balthazar entend une mère parler de son fils autiste qui se suicide après avoir été harcelé par d'autres enfants. Il s'en inspire pour en faire un roman : "Il ne disait rien du tout", puis une pièce de théatre, "Rien"  a partir de laquelle sera produite une présentation multimédia. Enfin, un court de sept minutes est réalisé. Ce long processus d'écriture est sans doute une des sources de la qualité du film.

On peut sans doute reprocher à BenX de se perdre un peu lorsqu'il aborde la question des MMOs. On retrouve en effet le poncif selon lequelque les MMO qui seraient un monde d'adolescents  alors que l'on sait que la moyenne d'age dans ce type de jeux tourne autour de la trentaine. Ce n'est pas trop grave si l'on considère que le coeur du film tourne autour du harcèlement et de l'autisme.

Les conséquences déja gravissismes du harcelement sont encore augmentées par les "nouvelles" technologies de l'information et de la  communication. En effet, via Internet ou le téléphone cellulaire, ou les deux, il devient possible d'atteindre la victime ou qu'elle se trouve. L'impossibilité de se mettre à l'abris aggrave le sentiment d'insécurité. Coté harceleur, les inhibitions cédent puisqu'il n'est pas au contact de la victime et qu'ils peut agir anonymement. L'autisme est sans doute ici à comprendre comme une métaphore de la différence, car il est des conduites de Ben qui sont impensables pour une personne autiste. Mais, s'agissant d'un film de fiction, cela devient plus une qualité qu'un défaut.

jeudi 12 novembre 2009

Santé disciplinaire

Sans doute avez-vous remarqué ? Il n'est plus possible d'éternuer dans un espace public sans s'attirer les regards suspicieux et réprobateur des autres. L'ombre de H1N1 alias grippe porcine alias grippe A plane sur tout signe respiratoire. Un toussotement, un éternuement et vous voila suspect et bien rapidement coupable. On sent a quel point la grande pandémie de grippe espagnole de 1919 pèse sur les imaginaires.

Michel Foucault à montré dans Surveiller et Punir comment des maladies ont servi de cadrage a la mise en place des systèmes disciplinaires. Ceux-ci sont profondément insérés dans nos sociétés et on les retrouve jusque dans nos architectures avec la division des espaces de soins en pavillons. Devant les deux grandes maladies du Moyen Age, la lèpre et la peste, les autorités ont mis en place des disciplines. Celles ci visaient à répartir les individus dans l'espace  et a localiser chaque individu. Les  deux principes correspondant sont la clôture et le quadrillage.

Les grandes maladies du Moyen-Age, la grippe et la peste, ont conduit à la mise en place de dispositifs très différents. A la peste a correspondu l'ordre. Lorsque la peste se déclarait dans une ville, celle ci était isolée et tout foyer infecté devait se déclarer. Au désordre de la peste a correspondu la mise en place d'un ordre médical et politique strict. Les dispositifs répondant a la lèpre ont été différents. Les lépreux étaient enfermés en dehors de la ville. Ces dispositifs sanitaires portent des rêves politiques. A l'exil des lépreux enfermés en dehors de la communauté humaine correspond le rêve de la communauté pure. Au quadrillage de la peste correspond le rêve de d'une communauté disciplinée. Rien ne doit échapper au regard du Prince en temps de peste : des registres sont tenus, les familles sont comptées, les vivants et les morts inscrits sur des registres...

Ainsi, à la peste correspond l'ordre, le désir de différenciation le plus fin possible : à chacun sa place à chacun sa maladie, à chacun son bien, à chacun sa mort, le tout par l'effet d'un pouvoir omniprésent et omniscient.  La discipline nécessite la multiplication des surveillances, l'intensification et la ramification des pouvoirs jusque dans les foyers. La peste nécessite pour le Prince un "Grand dressement". La peste appelle le rêve utopique d'une ville parfaitement gouvernée. Elle est au fond de tous les schéma disciplinaires. La lèpre appelé le rejet, l'exil, la clôture, le retour au magma, à l'indifférencié. Elle nécessite un "Grand renfermement". Les disciplines de la lèpre sont au fond de tous les schémas d'exclusion

Même si ces projets n'ont jamais été parfaitement et totalement mis en place, ils en informent pas moins profondément nos sociétés et nos psychologie. Les schémas disciplinaires n'ont pas fait que modifier l'architecture de nos bâtiments publics ; ils organisent également nos modes de pensée et forment de nouvelles individualités. Le pouvoir a eu de moins en moins à faire usage de sa force puisque les individus l'intériorisaient de plus en plus.

C'est là sans doute un "progrès" de la culture : la violence des pouvoirs est devenue silencieuse. Avant, elle se donnait a voir sur la place de Grève. Elle se voulait exemplaire. Aujourd'hui, nous portons en nous nos Damien, nos places de Grève et nos bourreaux. Hier, le crime était le régicide. Aujourd’hui, il est d’être malade. Je ne suis pas sûr que cela soit un progrès.

samedi 7 novembre 2009

La psychologie des pokemons

Sacha a pour désir de devenir le meilleur dresseur de pokemons. Il parcours le monde afin d’améliorer sa technique, mais également pour parfaire sa connaissance des pokemons. Il est mandaté par le Professeur Chen qui lui a demandé de compléter le pokedex

Sacha est en rivalité avec Régis, petit fils du professeur Chen, et avec la Team Rocket. Sacha et Régis ont les même objectifs : compléter le pokedex, tandis que les objectifs de la Team Rocket sont criminels. Tout a long de l’hiso

L’anime a assez lissé les aspérités du manga. Dans la version papier, Sacha est un enfant tête brûlée et vaniteux, les combats peuvent conduire à la mort des pokemons qui évolue peu à peu après une cuisante défaite contre le pokemon Mew. C’est cette défaite qui le conduit à rencontrer le professeur Chen et qui dont le conduit à ce voyage initiatique. La symbolique des couleurs des différents cycles souligne le coté initiatique des aventures de Sacha puisque l’on passe du rouge au bleu en passant par le vert.

 

Traumatisme et épreuve

La défaite contre Mew a donc eu des effets favorables sur le développement du jeune homme. La vanité cède peu à peu à une meilleure perception du monde. Sacha reconnait au professeur Chen une supériorité et surtout il montre un intérêt pour le savoir. C’est cela qui permet de faire la différence entre un traumatisme et une épreuve. Un traumatisme brise durablement ou définitivement des capacités psychiques. Cela peut être une capacité à éprouver une ou plusieurs émotions, à se sentier vivant et en cohésion, à pouvoir être en lien avec les autres ou au contraire à vivre dans la solitude. Une épreuve est une situation difficile dont on sort victorieux ou grandi. En aucun cas elle ne diminue l’individu qui la traverse.

 

Sacha vs Régis

Sacha est un être instinctuel. Il a une connaissance intuitive de ses pokemons et il s’appuie sur les liens indéfectibles qu’il sait construire avec eux pour les pousser au-delà de leurs limites. Ce lien affectif lui permet également de comprendre quand un pokemon est trop épuisé pour poursuivre le combat. C’est donc l’identification de Sacha à ses pokemons qui est la clé de leur relation.

Régis est plus âgé que Sacha. Il se base plus sur la connaissance qu’il a des pokemon pour diriger les combats. Cette prévalence donnée aus avoir est  peut-être un trait qu’il a hérité de son grand-père. Sacha est un stratège, il voit sur le long terme, tandis que Sacha est un tacticien, il fait avec ce qu’il a, et utilise immédiatement les relations dont il dispose

 

La relation au pokemon

La relation du dresseur à ses pokemons ne peut qu’être intéressante pour un enfant qui est encore dans un lien de dépendance à des créatures aussi puissantes que des parents. Quel que soit le tact de ces derniers, l’éducattion est toujours une épreuve, et parfois, hélas, il y a des moments qui peuvent être traumatiques.

L’enfant doit peu à peu mettre en arrière de son fonctionnement psychique les fantasmes par lesquels il se rendait maitre de toutes les situations et investir son environnement afin de pouvoir l’utiliser du mieux possible. De nouveaux pouvoirs lui apportent de nouvelles responsabilités, et donc de nouvelles exigences de travail psychique. Ilpeut se déplacer par ses propres moyens mais doit assurer sa propre orientation dans le monde; sa force musculaire doit être contrôlée afin de ne pas casser les objets qu’il manipule; il ne peut posséder ni se rendre maitre de tout.

Les pokemons donnent à voir une solution aux problèmes que rencontrent les enfants au cours de leur éducation en séparant d’un coté les monde des pulsions et de l’autre celui de la rationalité. On aura deviné que le pulsions sont représentées par les pokemon et que la raison est représentée par le dresseur. Cela pourrait être qu’une vision manichéenne du monde, soutenue par un mécanisme psychologique que l’on appelle le clivage : d’un coté le “bon” et de l’autre le “mauvais” mais on a vu que le monde de la raison est lui même soumis aux épreuves et aux traumatimes.

Avec les pokemons, l’enfant s’identifie tour à tour aux deux pôles de la relation. Il est tantôt le pokemon obéissant aux ordres de son dresseur, tantôt le dresseur dirigeant le pokemon. Autrement dit, il est tantôt l’enfant obéissant aux exigences parentales et les satisfaisant; et tantôt le parent soumettant l’enfant a des exigences éducatives. Ce va et vient dans les identifications lui permet d’explorer les deux versants de la relation

 

Pokemon et image du corps

La relation au pokemon recouvre également d’autres niveaux de fonctionnement psychique. Le pokemon, avec ses formes étranges, et son langage archaïque est une image régressée de l’enfant. L’infans comme le pokemon ne disposent comme moyen de communication avec leur environnement que le langage corporel et les mimiques. Le pokemon est même un peu en avance par rapport a un enfant sans langage parce ce qu’il sait dire son nom et comprend parfaitement les paroles qui lui est adressé !

Chaque pokemon, par sa forme et par ses pouvoirs représente une image du corps. Par sa forme et par ses pouvoirs, il correspond aux deux fonctions de l’image du corps telles que la définit Gisela Pankow. Un pokemon est une forme  animale, végétale, minérale ou liquide et il est un pouvoir. Dans le premier cas, il est une structure spatiale, une gestalt; dans le second il fonctionne comme “contenu et sens”. Comme gestalt, le pokemon donne un cadre ou contenir des pensées et des affects. Dans le meilleur des cas, ce cadre fonctionne de façon transformationnelle. Il permet à l’enfant d’intégrer peu à peu ce qu’il y a déposé et finalement à penser ses pensées. L’enfant pourra alors s’imaginer comme tel pokemon, parce que la forme du pokemon donne une image a une difficulté qu’il rencontre : il sera dur comme Racaillou, ou vif comme Pikachu Lorsque c’est le contenu qui est préférentiellement investi, le pouvoir souligne quelque chose qui est important pour l’enfant. Pouvoir enserrer de lianes qui sont comme autant de bras dira le désir d’être porté, ou l’angoisse que suscite le fait d’être trop près de l’autre. La symbolique des éléments joue a plein : le feu, la glace, l’eau sont utilisés pour dire la qualité des relations, leurs transformations possibles ou encore des éprouvés corporels.

Enfin, le pokemon, par ses évolutions, est un bon représentant de la situation de l’enfance. Il annonce que les changements que l’enfant vit continuellement de par sa croissance physique et psychique ne sont pas catastrophiques : on peut changer de forme et rester soi.

La multitude des pokemon fait que chaque enfant trouve toujours un pokemon qui corresponde a sa fantaisie ou à sa problématique personnelle ; leur ordonnancement en différentes catégories (pokemon feu, air, terre etc.) l’initie à des mode de pensée plus organisée. Ainsi, un Bulbizarre avec sa graine sur le dos peut servir de point d’appuis a des fantasmes d’auto-suffisance (il a tout ce dont il a besoin sur le dos)  d’auto-engendrement (il est issu de la graine qu’il porte) ou encore à des questions sur ce dont on hérite des parents. Ses tentacules pourront être comme des bras qui se distendent pour rester en lien avec une personne aimée. La flamme d’un Salameche portera des questionnements liés à la sexualité ou à l’élan vital que chacun porte en soi.

 

Pokéball

La pokeball, qui permet de capturer les pokemons sauvages et qui donne aux pokemons apprivoisés un refuge ou se restaure, est d’évidence une image du bonheur utérin. Mais elle peut aussi se révéler le lieu d’angoisses claustrophobiques : Pikachu refuse une fois de rentrer dans la pokéball ce qui permet à Sacha de découvrir que tous les pokemon n’aiment pas leur pokeball

La pokeball est aussi l’image d’un contenant ou les pulsions les plus sauvages, représentées par le pokemon, sont contenues. Elles peuvent être mises en jeu à la demande, et sont donc pour l’enfant la promesse d’une plus grande maitrise de ses propres pulsions.

 

Le pokémon double de l’enfant

La plus grande peur d’un pokemon est d’être abandonné par son dresseur. Cela en fait un bon double de l’enfant qui craint toujours que le lien avec ses parent ne soit rompu comme en témoigne de nombreux contes populaires. D’une certaine manière, l’histoire des pokemon joue le même rôle que Le petit poucet des enfants d’antan : elle donne des images pour penser son immaturité et la relation, toujours conflictuelle et source de souffrance, monde des adultes. Plus récemment, la relation de Tintin à Milou a pu jouer le même rôle

 

 

Les pokemon aident l’enfant à penser ses propres pensées mais…

Il faut garder présent à l’esprit que si les pokemons, dans la version papier ou dessin animé, peuvent être support de pensée pour l’enfant, c’est toujours à la condition qu’il puisse partager avec un autre, qui joue pour lui le rôle d’idéal, ce qu’il a vu et éprouvé en le regardant.

 

Lire ailleurs

Sur le sujet, on pourra lire le point de vue de Serge Tisseron (Nov. 2000) ou le Psychanalyse des dessins animés de G. Djenati qui a malheurement quelque réticences vis a vis de Pokemon pour de Dragon Ball Z.

vendredi 6 novembre 2009

Les compétences précoces du nourrisson

Lorsqu'en 1948, Melanie Klein publie La psychanalyse des enfants, le livre fait l'effet d'un électrochoc dans la communauté des psychanalystes. Certes, une approche psychanalytique avait été faite par les analystes. Freud lui même avait eu à s'occuper d'un enfant, le petit Hans, mais il n'avait pas pris l'enfant directement en traitement et s'était contenté d'un sorte de supervison du père. Ferenczi avait livré des observations d'enfants à la fois pleines de vie et de [x] Hug Hellmuth s'était essayée au traitement psychanalytique des enfants, et Anna Freud, la fille de Sigmund Freud, préconisait une sorte d'éducation psychanalytique. Melanie Klein tranche en proposant un traitement psychanalytique et développe une théorie dans laquelle l'enfance est un monde de fantasmes, de désirs, de pensées et de fantasmes inconscients. N'était ce pas là exagérer ?

On doit aux psychanalystes d'enfants d'avoir participé à construction de la prise de conscience que le bébé est une personne. Ils ont montré que de façon précocissisme les bébés ont une vie psychique qui est en écho avec les événements de la famille. Cependant, bien que certains ont pu reproché aux psychanalystes de trop prêter aux bébés, les données les plus actuelles montrent qu'il ont sous estimé les compétences du nourrisson à être en lien et à penser !

Les bébés ont spontanément tendance à introduire de l'ordre dans le monde en recherchant des invariants. Cela leur permet de réaliser une tache importante, qui est d'identifier ce qui est spécifique de leur soi de ce qui est spécifique d'un autre soi. Cela a été montré à l'aide de plusieurs expériences

Par exemple, on a équipé le lit de nourrisson de mobiles. Un  cordon est attaché au pied du bébé de façon à ce que le mobile bouge lorsque le bébé bouge la jambe. En quelques jours, les nourrissons apprennent a faire bouger le mobile. Ils sont ensuite placés dans le même lit d'enfant, mais sans cordon. Les nourrissons tentent de faire bouger le mobile en bougeant la jambe. Si le mobile ou le lit est différent, les mouvements de la jambe sont moins fréquents.

Autre expérience, qui ne porte plus sur les capacités mnésiques des enfants mais sur leur besoin de vivre un monde cohérant et unifié : des enfants de 4 mois identifient et préfèrent regarder un films synchronisé avec sa bande son. Ou encore : on projette a des enfants de cinq mois une voiture qui s'éloigne et une voiture qui s'approche. Les enfants regardent la voiture qui s'éloigne lorsqu'on leur fait entendre un son qui diminue d'intensité, et la voiture qui s'approche lorsque l'on leur fait entendre une son qui augmente d'intensité.

Encore une autre ? Des expérimentateurs jouent à "coucou" avec des enfants de six a sept mois. Une semaine après on leur montre une marionnette qui joue à "coucou" en apparaissant et disparaissant. A la vue de la marionnette, les enfants sourient. Cette réaction est un signe du rappel sur indice car la seule vue de la marionnette immobile  et silencieuse après qu'elle ait joué à "coucou" les fait sourire.

On pourrait encore multiplier les exemples pendant longtemps : les enfants sont dès leur naissance plongés dans un monde de relations. Et dès leur naissance, ils ont des capacités à penser le monde et ce qu'ils vivent de façon. Ces capacités sont "précablées". Elles font que les bébés préfèrent les stimulis humains à tout autres. Mais elles sont ensuite renforcées ou inhibées par la famille, la culture, et le mouvement de ce que l'on appelle une vie.

Une dernière ? On a montré que dans une paire de soeurs siamoises, chaque enfant faisait clairement la distinction entre son corps et celui de sa sœur

vendredi 30 octobre 2009

Journal d’un bébé

"Soudain, un morceau d'espace se détache

C'est un pilier, mince et tendu

Il est immobile et chante d'une mélodie claire"

 

Voilà comment Daniel Stern rend compte du fait que Joey vient de quitter du regard la tache que le soleil faisait sur le mur de sa chambre, et se trouve face aux barreaux de son lit. Au loin, le mur opposé, plus sombre.

Daniel Stern est un américain qui vit en Suisse. Cela en fait déjà une curiosité. Mais il est plus qu'américain. Il est texan. Texan, vivant en suisse, et psychanalyste. Comme il aime cumuler, il est un psychanalyste particulier.

Concernant les bébés, les psychanalystes ont eu deux attitudes. Certains partent du bébé de la cure, c'est à dire du bébé imaginaire que les patients, adultes et enfants, ammènent le temps de la séance. Cela a été le cas de Melanie Klein, Donald Winnicott ou Françoise Dolto.  D'autres partent du bébé observé. Cela a été le cas de Esther Bick (qui a mis au point une méthode d'observations psychanalytique du nourrisson), Serge Lebovici ou... Daniel Stern.

La somme de connaissance que les psychologues du développement ont accumulé est tout a fait importante, et de l'avis de Daniel Stern, insuffisament prise en compte par les psychanalystes. D'un autre coté, les données de la psychologie du développement risquent de rester stériles si elles ne sont pas reliées à une pratique. Par exemple, nous savons aujourd'hui que les développements théoriques sur une phase d'autisme normal ou d'une phase de narcissisme durant laquelle l'enfant n'a pas de lien avec l'environnement est inexacte. Le biais vient sans doute du fait qu'ils s'agit d'une part de reconstructions, et d'autre part de reconstructions à partir de cas pathologiques. Ce que l'on observe, de façon expérimentale ou naturelle, c'est que l'enfant est un formidable inter-acteur et ce dès ses premiers moments de vie aérienne.

Le talent de Daniel Stern est assez unique. Il sait régresser suffisamment pour entrer en contact avec de tous jeunes enfants. Mais, somme toute, cela est une qualité partagée par toutes les mères pendant ces premières semaines durant lesquelles Winnicott disait que les mères sont folles de leur bébé et c'est une qualité que l'on est en droit d'attendre d'un thérapeute d'enfant. Son talent particulier est qu'il est capable d'en remonter avec une brassée de mots suffisants pour rentre compte de ce que peut vivre un enfant

Le Journal d'un bébé suit l'évolution de Joey. Le voyage commence à 6 semaines et se termine à quatre ans. On passe, au fil des pages, du monde des sensations d'un nourrison au monde des histoires d'un enfant bien installé dans un univers social dont il connait les règles. Entre les deux, les interactions avec la mère, les explorations des paysages psychiques, et l'arrivée des mots. Pour le lecteur, un plaisir constant devant l'inventivité de Daniel Stern qui mêle habilement l'imagination, la poésie, avec les données de la psychologie du développement. Il réussit ainsi a donner a la psychanalyse la rigueur qui lui manque parfois et à la psychologie du développement des applications pratiques.

Voilà un livre à découvrir pour qui s'intéresse à la psychologie des petits d'homme

Penser (avec) les objets

On doit à Jean de la Fontaine quelques contes grivois dont un "Comment l'esprit vient aux filles" par lequel il décrit les aventures de Lise, 13 ans :

Lise n'était qu'un misérable oison.

Coudre & filer était son exercice;

Non pas le sien, mais celui de ses doigts;

Car que l'esprit eût part à cet office,

Ne le croyez pas; il n'était nul emplois

Où Lise pût avoir l'âme occupée

D’ailleurs, Jean de La Fontaine le dit brutalement : « Lise songeait autant que sa poupée ». Il y aurait beaucoup à dire sur ce conte grivois – car bien entendu, il se trouvera un père Bonaventure pour traiter Lise comme une poupée – mais un des angles de compréhension est rendu possible par les réflexions de S. Tisseron sur les objets (TISSERON S. 1999). Les objets, c’est la thèse qu’il défend, donnent à penser, c'est-à-dire qu’ils sont une aide à la symbolisation.

Cette symbolisation est une symbolisation « en corps », en ce sens qu’elle fait participer l’expérience que nous avons du monde, et ce jusque dans ses recoins sensuels ou douloureux, pour les traduire en représentations qui vont à la fois rappeler et témoigner de cette expérience auprès d’un autre. La manipulation obsessionnelle d’un objet, l’élection d’un vêtement préféré, la mise en valeur d’un bibelot, la rénovation de meubles anciens peuvent témoigner aussi bien d’un mouvement d’introjection, de la réactivation de sensations, d’émotions, de fantasmes narcissiques et sexuels ou encore de la mise en dépôt de fragments d’expérience douloureux

. C’est ainsi qu’il faut sans doute redresser l’histoire de Jean de Lafontaine : c’est après avoir été « piquée » par le père Bonaventure, traitée comme une poupée, que Lise en est réduite à ne plus pouvoir penser à quoi que ce soit. Et ce n’est plus que du bout des doigts qu’elle se permet d’être vivante, perdue dans une manipulation d’objets qui rappelle le traitement dont elle a été l’objet. A moins que la quenouille ne soit un de ces « objets fatals » que décrit S. Tisseron, c'est-à-dire un de ces objet ayant fait l’objet d’un encryptement et qui fonctionnent comme des bombes à retardement si les significations secrètes qui y sont attachées ne sont pas révélées. Se serait alors inscrite quelque catastrophe vécue par la génération précédente et que l’activité de couture aurait eu pour fonction à la fois de symboliser, grâce à l’introjection lente et patiente des gestes de la couture, et de maintenir loin de la pensée dans un clivage actif : ce sont les doigts de Lise qui travaille, nous dit Lafontaine, son âme, elle, est vide.

jeudi 29 octobre 2009

Le ragot comme modele economique ?

Le site Note2be avait soulevé des inquiétudes quant aux utilisations diffamantes qui pouvaient en être faites. Aussi me parait il intéressant de rapporter ici un état des pratiques outre-atlantique en évoquant le cas de JuicyCampus.

JuicyCampus est d'abord une caverne à [W:troll].On trouve dès la première page un message faussement ingénu sur Hitler ou Trop de noirs/mexicains ? qui bien évidement fait le plein de réponses. Ce qui fait de JuicyCampus un site particulier, c'est que les trolls y sont encouragés. Dans les règles d'utilisation, il est précisé que le site n'ouvrira pas ses base de données si une personne ou un tiers se plaint de ce qui est écrit sur le site. Afin de se protéger, JuicyCampus garde les adresses IP des posteurs, mais ne les lie pas aux messages. Utime protection : les messages ne seraient pas indexés par les moteurs de recherche. Pour les trouver, il faut donc aller sur le site. Enfin, le site encourage les posteurs à utiliser des anonymiseurs.

En plus des ragots et autres règlements de compte entre les étudiants, on trouve des photos prétendument prises au cours d'orgies et qui sont des images retouchées à l'aide d'un logiciel. L'impact de l'image est désastreux, et aucune argumentation ne permet de contenir les fantasmes qui sont soulevés.

JuicyCampus a été annoncé sur les sites web de plusieurs universités américaines et est aujourd'hui présent sur une cinquantaine d'entre elles. et a a provoqué beaucoup d'émotion : peut on laisser tout dire et même encourager à dire n'importe quoi au nom de la liberté d'expression ?

Aux Etats-Unis, les études sont très onéreuses, et souvent perçues comme un investissement. Aussi, quelques uns se sont inquiétés de l'effet que pourrait avoir sur un employeur les messages que l'on trouve sur JuicyCampus : est ce que la réputation de l'université ne va t elle pas baisser ? Quel effet cela va avoir sur les recruteurs ?

D'après l'agence Associated Press JuicyCampus a été banni du réseau de plusieurs universités à la demande des étudiants. FaceBook est un des lieux de résistance et on y compte aujourd'hui 4 groupes contre juicyCampus.

Que l'on se harcèle sur les forums Internet n'est pas une chose nouvelle. Ce qui est nouveau c'est que cela puisse devenir un modèle économique. C'est là, sans doute, le seule "juicy" du site. Et vu qu'il succède à des sites comme usagonedirty.com il est possible que la manne soit intéressante.

P.S.: L'indice Alexa montre que après avoir vivoté pendant un mois, la popularité du site a connu un pic de popularité en Février 2008, peu être en lien avec les articles de presse dont JuicyCampus avait fait l'objet.

mardi 27 octobre 2009

Cyberpsy

Rastofire finissait de se réveiller, tiré sans ménagement de son sommeil par une grosse lampe rouge clignotante et une voix dont il commençait tout juste à comprendre ce qu'elle disait.

... téral

Mais avant que le sens ne se forme complètement en lui, il pris conscience d'une présence à ses cotés. Le sergent Bones était bien entendu déjà levé et déjà équipé. Rastofire le soupçonnait de dormir tout habillé, mais cela aurait déjà été trop humain pour Bones. Bones était un soldat, et il ne connaissait que cet état. Le sommeil, la faim, la peur lui étaient étrangers et il se disait qu'il n'éprouvait que ce qui était écrit dans le Code Militaire.

Le groupe ne mis qu'un instant pour s'équiper et se retrouver dans la zone d'upload. Chacun vérifiait une dernière fois son matériel tandis que la voix commençait le compte à rebours

Voila le topo, dit Bones  : il y a encore un thérapeute qui a fait le malin la-bas, et comme d' habitude, c'est à nous qu'il revient de réparer les pots cassés. Faites ce que l'on vous a appris et rien que ce que l'on vous a appris - il lança un regard appuyé à Rastofire - et tout se passera bien. On a pas eu le temps de prendre des coordonnées précises. On s'upload, on fixe le problème, et on revient. Simple.

Qui est le contrôleur ?

C'était Patch qui avait demandé

Control, répondit Bones

Control était le contrôleur le plus expérimenté. Il était connu pour son sérieux, et la précision avec laquelle il exécutait son travail. Control ne demandait jamais un upload pour rien.

et le thérapeute ? demanda encore Patch

C'est Bouki.

Bouki avait la réputation de pouvoir entrer en relation avec des formes d'intelligence plus qu'exotiques et à la séance suivante - ou même à l'intervention suivante - de tout foirer. L'association du calme et méthodique Control et du fantasque Bouki ne pouvait qu'être explosive.

upload in progress.

dit la voix dans le casque de chaque soldat.

Comme d'habitude, l'Upload s'était passé sans a coups. Rastofire était toujours surpris de le constater. En attendant que les textures soient complètement chargées,  Rastofire fit un check de son équipement. Le HUD ne renvoyait que de icones vertes rassurantes. Puis il scanna l'environnement. Mais il n'y avait pas besoin de senseurs high tech pour voir ce qui était devant lui

Un gamin !

Et un gamin au milieu de nulle part. Rien. Tout était blanc.

L'enfant etait planté devant lui. Il avait un air sage, quoique un peu triste. Qu'est ce qu'un gamin pouvait faire ici ? Instinctivement, il tendit un bas vers l'enfant

Touche pas ! Patch le retint par la manche. Ce n'est pas seulement un gamin. C'est la représentation idéalisée que se fait le thérapeute de son patient.

Rastofire regarda le gamin d'un drôle d'air. Bones referma un scanner d'un coup sec et le mis dans un poche de sa combinaison

On est tombé en plein inter-transfert, les filles. Je vois le topo d'ici : Rastofire a idéalisé le patient, et clivé le transfert. D'un coté, le patient magnifique, de l'autre sa famille, chargée de tous les vices. A tous les coups, il est en train de se raconter une belle histoire :"Quelle chance que cet être si sensible ait échappé a une famille si monstrueuse et qu'il m'ait rencontré". On a avec nous une partie du puzzle. Bones désigna l'enfant. Quant à l'autre partie, elle va être facile à reconnaître.

Bones fit un geste vague, indiquant quelque chose dans la direction du gamin. A quelques dizaines de métres de là, le sol se plissait. Les ondulations montaient lentement et retombaient en cascades. Chaque éclat donnait naissance à des quelque chose qui prenait forme en devenant blanc cassé, puis beige, puis noir. Au fur et a mesure que les trucs prenaient de la couleur, leur identité devenait de plus en plus certaine

Des Mauvais Objets Archaïques ! cria Blutch

C'était la première fois qu'il prenait la parole. C'était un gars simple et silencieux. Son boulot était de veiller à la cohésion du groupe en l'alimentant suffisamment en énergie

Comment se fait il qu'on en trouve si tôt dans le processus thérapeutique ?

C'est l'effet Bouki mon gars, plaisanta quelqu'un

En formation les filles ! dit Bones. Je ne veux aucune AoE.  Si on aggro tout le groupe, on est foutus. Vous me nettoyez tout ça à coups d'interprétation faiblement saturée. Patch tu arroses. Blutch tu buffes. Rasto en soutien.

Incoming number 3 ! dit Patch

Les jambes plantées dans le sol, il avait équilibré la gatling sur la hanche et il arrosait les MOA. Il était alimenté en énergie par

INCOMING NUMBER 4 !

Comme à l'école. Tu parles !

L’inconscient du ris de veau

Pendant la seconde guerre mondiale, aux Etats Unis, la psychologie a été conviée a participer a l'effort de guerre. Le mot d'ordre est la chasse au gaspi, et elle se fait jusque dans les casseroles des ménagères américaines. Or, celles-ci répugnent à cuisiner certains morceaux pourtant bien moins onéreux : les rognons, cœurs, et autres ris de veau restent systématiquement sur les étals. On appelle un psychosociologue, Kurt Lewin, qui propose deux types de dispositifs. Dans le premier, une personne vient faire un exposé sur les avantages diététiques et économique de la consommation de ces morceaux. L'effet sur le changement des pratiques alimentaires est... nul. Dans le second dispositif, les ménagères discutent librement de cuisine et de pratiques alimentaires. Elles en viennent à parler de leurs répugnances vis à vis de certains morceaux, et réclament à un expert des conseils culinaires. Le groupe vote une décision : on servira désormais à table des abats. Ce que firent effectivement un tiers d'entre elles.

Pour Lewin, cela montre qu'il est plus facile de changer les normes d'un groupe que celles d'un individu, et qu'une décision prise en groupe engage davantage qu'une décision individuelle.

Didier Anzieu en a complété l'analyse en montrant que le changement n'avait été possible que parce que les résistances inconscientes avaient été mises à jour durant la discussion.

Leur groupe n'a pu être la mise en commun des raisons - patriotiques, budgétaires, calorique et gastronomiques - de consommer ces morceaux parce que au préalable, il avait été la mise en commun des fantasmes, des angoisses, des émois associés chez chacune à ces morceaux, et ceci pour des raisons qui peuvent être variables dans l'histoire individuelle de chacune mais qui entrent en consonance avec les motifs des autres. Didier Anzieu, Le groupe et l'Inconscient.

 

Mais que mettons donc en commun comme fantasmes, angoisses, et émois sur nos groupes en ligne et nos réseaux sociaux ?

lundi 26 octobre 2009

A la recherche de Phineas Cage

 

Tous les étudiants en psychologie apprennent l’histoire de Phineas Cage, l’homme qui devint un cas célèbre de neurologie.  Phineas Cage survit miraculeusement à un accident du travail : une barre à mine lui traverse le cerveau. De sociable et affable, il devient colérique, grossier et capricieux. Que l’on puisse survivre à une telle blessure était déjà une sujet d’étonnement pour les médecins

En décembre 2007, l’image est postée sur Flickr avec comme titre "Daguerreotype - One Eyed Man with Harpoon" et une année plus tard quelqu’un demande “peut-etre est ce une image de Phineas Cage. L’histoire avait perdu la mémoire du visage de l’homme, et la recherche de Phineas Cage commence. En 2009, “l’homme au harpon” a retrouvé un nom et l’histoire des sciences peut redonner un visage à une personne dont l’accident aura permis comprendre un peu mieux le fonctionnement du lobe frontal

mardi 6 octobre 2009

In treatment

 

Voici Paul Weston. Il fait face à Laura et à ses pleurs. Laura et ses problèmes de couple. Laura et ses soudains retournements. Paul Weston est psychothérapeute, et on le voit travailler séance après séance, épisode après épisode. Le cabinet est un personnage à part entière. On y découvre le fauteuil du thérapeute qui fait face à un canapé. Entre le patient et le thérapeute une table basse. Une grande bibliothèque donne une étendue de l'immensité des connaissances du psychothérapeute. Une porte ouvre sur une salle d'eau. Un modèle réduit de voilier dit des rêves rétrécis de navigation.

Le premier épisode s'ouvre sur les pleurs de Laura, et toute la séance alterne le  chaud et le froid pour finir sur du très chaud. Voilà donc que Paul Weston découvre, un peu tardivement, que le transfert a une coloration nettement érotique. On lui jettera pas la  pierre, mais on espère simplement qu'il a dans sa grande bibliothèques un exemplaire des Etudes sur l'hystérie (1895) dans lequel on peut lire

"j’arrivais le soir, au moment où je la savais plongée dans son état d’hypnose et la débarrassais de tous les réserves de fantasmes accumulées depuis ma dernière visite. Pour s’assurer le succès, il fallait que ce fut fait à fond. Alors, tout-à-fait tranquillisée, elle se montrait le jour suivant aimable, docile, laborieuse, et même enjouée. Le deuxième jour, et surtout le troisième, son humeur devenait toujours moins bonne, elle était revêche, désagréable. En cet état, il devenait parfois difficile, même sous hypnose, de la faire parler. Elle avait donné à ce procédé le nom bien approprié et sérieux de "talking cure" (cure par la parole) et le nom humoristique de "chimney sweeping" (rammonage). Etudes sur l'hystérie.

C'est le Docteur Josef Breuer qui rendait ainsi visite à Bertha Pappenheim, jeune viennoise de 21 ans . Bertha Pappenhein souffre de diverses paralysies hystériques, de troubles de la vue et du langage et d'une toux nerveuse. Elle est parfois en proie d' hallucinations, peut se montrer violente, mais le soir est elle dans une sorte d'état d'auto-hypnose propice a la parole. Elle se raconte alors et son humeur s' améliore. Les séances s'arrêteront à la suite d'une grossesse nerveuse de Bertha Pappenheim. Breuer raconte l'histoire à un certain Sigmund Freud qui se montre très intéressé. Le cas est publié dans les Etudes sur l'hystérie 14 ans plus tard.  Nous sommes en 1895. C'est l'aube de la psychanalyse.

Du moins, c'était l'aube de la psychanalyste telle que racontée dans les Etudes. Breuer traita sa patiente par l'hypnose et lui administra du chloral et de la morphine. Quant à l'arrêt du traitement, il semble qu'il soit plus du a la jalousie de Mme Breuer qu'au fantasme de grossesse de Bertha Pappenheim. Plus tard, d'autres patients et d'autres psychothérapeutes virent leurs vies se compliquer des amours de transfert. Sabina Spielrein devint la maîtresse de Karl Gustav Jung qui était aussi son analyste. Elle fut par ailleurs formée a la psychanalyse par... Sigmund Freud lui-même, ce qui ne simplifia pas les choses.

Avec Paul Weston, nous n'en sommes pas encore là. Mais il y a dès cet épisode - on saura plus loin qu'il y a déjà une année de psychothérapie - quelques atteintes du cadre du fait du psychothérapeute : il insiste pour lui rappeler un taxi, comme s'il voulait l'accompagner au delà des rendez-vous; il la nourrit; il écoute derrière la porte des toilettes pour savoir si tout va bien. N'aurait-il pas mieux valu travailler avec elle ce qu'elle pouvait attendre toute une nuit devant la porte de son psychothérapeute ? Il semble qu'elle ait éprouvé a ce moment des angoisses agonistiques. Qu'est-ce qu'elle répétait là ?

L'épisode et la série toute entière  pourrait sans doute être utilisée a des fins de formation dans la faculté de psychologie: Que feriez-vous à la place de Paul Watson ?

 

 

Sur l'histoire de la psychanalyse

Rodrigue E., Freud : le siècle de la psychanalyse, T. 1

Roudinesco E., Histoire de la psychanalyse en France, T. 1

Jones E. La vie et l'oeuvre de Sigmund Freud

 

 

mardi 29 septembre 2009

L'affaire Polanski et les effets du traumatisme

Je suis consterné du traitement fait à l'affaire Polanski.

Les faits : un réalisateur de renom est arrêté en Suisse parce qu'il est sous le coup d'un mandat pour une affaire de de moeurs datant de 1978 mettant en cause une mineure. Une pétition lancée à l'initiative de Serge Toubiana, Directeur général de la cinémathèque française, appelle à soutenir Roman Polanski. Que "Les cinéastes, acteurs, producteurs et techniciens, tous ceux qui font le cinéma du monde, tiennent à lui manifester leur amitié " rien de plus normal. Que Serge Toubiana trouve et s'insurge "qu’une manifestation culturelle internationale, rendant hommage à l’un des plus grands cinéastes contemporains, puisse être transformée en traquenard policier" cela peut se comprendre.

Ce qui se comprend moins, ce sont les raisonnements à la Bernard Henri Lévy : voilà donc une histoire de trente ans, que va ton ennuyer un vieillard qui a d'ailleurs tant su nous enchanter ? Que va-t-on poursuivre un homme alors que la plaignante a pardonné ? N'est-ce pas là le signe de la profonde malveillance de la justice ?

Sur le traitement juriridique de l'affaire, on lira Maitre Eolas in extenso

[Polanski] est visé par un mandat d’arrêt international émis par la justice de l’État de Californie pour une affaire remontant à 1977. Il a à l’époque eu des relations sexuelles avec une mineure âgée de treize ans après lui avoir fait boire de l’alcool et consommer des stupéfiants. Si mon confrère Dominique de Villepin me lit, qu’il ne s’étouffe pas d’indignation en invoquant la présomption d’innocence : celle-ci a expiré peu de temps après les illusions de cette jeune fille, puisque Roman Polanski a reconnu les faits en plaidant coupable. La culpabilité au sens juridique de Roman Polanski ne fait plus débat. Roman Polanski, après quelques jours en prison, a été remis en liberté dans l’attente de l’audience sur la peine. Il en a profité pour déguerpir et a soigneusement évité le territoire américain pendant trente ans. Maitre Eolas

Personnellement, je me soucie moins du sort de Polanski que des enfants et des adultes qui ont eut a faire avec la pédophilie.

Toute rencontre précoce de la sexualité d'un adulte par un enfant a des effets terribles sur son développement. Ces effets sont tels qu'ils vont jusqu'a toucher la génération suivante et parfois même celle d'après. Au final, pour un enfant abusé, ce sont trois générations touchées par la dépression, la folie, ou le suicide.

Cela est du au fait que l'enfant n'a pas la maturité dans son corps et dans son psychisme pour traiter ce que l'adulte lui impose. L' excitation et les fantasmes de l'adulte le débordent et il y  réagit par un clivage de son moi : une partie de son psychisme renferme cette excitation incompréhensible, et l'autre partie contient le reste de son psychisme.

Il est isolé et coupé de tout lien avec le reste de la vie psychique. En fait, cette partie traumatisée est comme morte.  Elle fait parfois retour sous la forme d'impressions pénibles ou d'impossiblités à être confronté a des choses qui risquent de faire penser à la scène traumatique. Cela peut être une image, une bribe d'histoire, une couleur... Les sentiments de honte ne sont pas rares, du fait de l'identification à l'agresseur. Ce mécanisme a une fonction économique : il protège le psychisme de la menace d''éclatement que fait peser sur lui le traumatisme. Il a aussi une fonction topique, car il protège les idéaux de l'enfant qui a naturellement tendance a considérer ce qui vient des grandes personnes comme "bon". Au final, l' événement est mis au secret mais il continue a travailler le psychisme.dans la honte et la souffrance. Ce qui était intime, douloureux, difficilement partageable se transforme alors peu à peu en secret. C'est à ce moment que les problèmes commencent pour la génération suivante.

La relation parent enfant est si forte que les enfants de parents porteurs de secrets ne tardent pas à sentir les zones d'ombre de leur parent. Du coté du parent, celui ci n'a jamais totalement renoncé a retrouver l'unité de son psychisme. Le secret suinte toujours, et les enfants sont à l'affut de ces fuites. D'un coté, ils sont attirés par le secret car enfant a tendance a vouloir être le thérapeute de son parent, ne serait que que parce que un parent qui va bien s'occupera bien de lui. Mais de l'autre, ils hésite à s'en approcher car ils sentent que cela est douloureux pour le parent. L'enfant voit son désir de comprendre mis sous l'éteignoir puisque la satisfaction de ce désir provoquerait des souffrances chez sont parent. Ce qui ne pouvait être dit par le parent, devient un impensable pour ses enfants.

Ainsi, ce qui pour la première génération était un revenant - car la scène dramatique hante toujours la personne - devient alors un fantôme pour la génération suivante. L'intime . Le sens des choses est perdu, et les symptômes deviennent difficilement compréhensibles : impressions diffuses, phobies étranges, sentiment d'être possédé conduisent à la folie ou au suicide.

 

Aussi comprendra-t-on, j'espère, que les prises de positions de personnes qui sont en position d'idéaux prônant un oubli pur et simple de cette affaire sous prétexte que le temps a passé est extrêmement dommageable pour tous ceux qui ont eu a subir des viols ou des attouchements sexuels lorsqu'ils étaient enfants (1). Cela est dommageable pour tous,  car la censure sexuelle vis-à-vis des enfants est un des piliers de la société.

 

(1) Les cas sont malheureusement nombreux : 6,8% à 33,8% pour les filles et de 4,6% à 10,9% pour les garçons. [source : psydoc]

 

vendredi 25 septembre 2009

Quelques raisons de haïr son enfant

http://www.figuresworld.net/movies_tv/bride_chucky/15chucky.jpg

Dans "La haine dans le contre-transfert" D. W. Winnicott  donne quelques raisons pour lesquelles une mère peut haïr son enfant. La liste n'est bien entendue pas close et les raisons de haïr un enfant sont variée. Faut il ajouter que ces raisons valent aussi pour les pères ?

  • L'enfant n'est pas sa propre conception (mentale).
  • L'enfant n'est pas celui du jeu de l'enfance, l'enfant du père, l'enfant du frère, etc.
  • L'enfant n'est pas produit par magie.
  • L'enfant est un danger pour son corps pendant la grossesse et à la naissance.
  • L'enfant représente une interférence dans sa vie privée, un défi à l'occupation antérieure. Dans une plus ou moins large mesure, une mère a le sentiment que sa mère à elle exige un enfant, de sorte que son enfant est produit pour se concilier sa mère.
  • L'enfant blesse ses mamelons même en tétant car téter c'est mâcher. Il est cruel, la traite comme moins que rien, en domestique sans gages, en esclave.
  • Elle doit l'aimer lui, ses excréments et tout, au moins au début, jusqu'à ce qu'il ait des doutes sur lui-même.
  • Il essaye de lui faire mal, il la mord de temps à autre, tout cela par amour. Il montre la désillusion qu'il ressent à son égard.
  • Son amour brûlant est un amour de garde-manger, de sorte que lorsqu'il a ce qu'il veut, il la rejette comme une pelure d'orange.
  • Au début il faut que l'enfant fasse subir sa loi, il faut qu'il soit protégé des coïncidences, il faut que la vie se déroule à son rythme et tout cela exige de sa mère un travail minutieux et constant. Par exemple, il ne faut pas qu'elle soit anxieuse lorsqu'elle le tient, etc.
  • D'abord, il ne sait pas du tout ce qu'elle fait ou ce qu'elle sacrifie pour lui. Et surtout il ne peut pas laisser place à la haine de sa mère.
  • Il est soupçonneux, refuse sa bonne nourriture et la fait douter d'elle-même, mais il mange bien avec sa tante.
  • Après une matinée épouvantable avec lui, elle sort et il sourit à un étranger qui dit : « Comme il est gentil ».
  • Si elle lui fait défaut au début, elle sait qu'il le lui fera payer à perpétuité. Il l'excite mais la frustre - elle ne doit pas le manger ni avoir un commerce sexuel avec lui.