mercredi 28 avril 2010

Les jeux vidéo ont un faible effet sur l’endormissement

Pratiqués juste avant de se coucher, les jeux vidéo n’ont pas un impact significatif sur l’heure d’endormissement.

Ce sont les résultats d’une étude de psychologie réalisée par un chercheur australien, Michael Gradisar, de l’Université d’Adélaide, Australie. Elle a été réalisée sur 13 garçons de 14 à 18 ans qui n’ont pas de troubles du sommeil.

Les sujets ont joué à Call of Duty 4: Modern Warfare sur Playstation 3 pendant 50 minutes un soir et ont regardé le documentaire La marche de l’empereur un autre soir. Call of Duty est un FPS nerveux, qui réclame de l’attention et qui produit du stress tandis que le documentaire est plutôt du genre tranquille

Résultat : les sujets se sont endormis en moyenne en sept minutes et demi pour le jeu vidéo et trois minutes pour le documentaire. L’étude qualifie cet effet de faible. L’architecture du sommeil n’est pas modifiée. C’est un élément important car on sait que les effets restaurateurs du sommeil se produisent pendant le sommeil lent profond qui est aussi le moment ou le dormeur rêve.

Cela indique ce ce ne sont pas les jeux vidéo qui maintiennent les joueurs éveillés, mais les insomniaques qui jouent tard aux jeux vidéo. L’activité vient le plus souvent masquer un trouble du sommeil.  Face à un enfant qui joue trop tard, c’est à cette insomnie qu’il faut s’attaquer en recherchant les causes possibles (difficulté passagère, conflit familial, dépression…) en famille ou avec l’aide d’un professionnel.

 

PDF The Effect of Presleep Video-Game Playing on Adolescent Sleep. Edward Weaver, B.Psyc. Hon.; Michael Gradisar, Ph.D.; Hayley Dohnt, Clin. Ph.D.; Nicole Lovato, B.Psyc. Hon.; Paul Douglas, B.Sc. School of Psychology, Flinders University, Adelaide, South Australia, Australia

mercredi 14 avril 2010

Sur Internet, l’Elysée n’a pas d’amis

image A ma dernière visite, le compte Twitter @elysee avait 1887 followers et 0 amis.   Il était l’auteur de trois messages : le premier encourageait à retrouver le président de la république, le second faisait état du voyage du président aux USA et le troisième d’un hommage du président aux résistants des Glières.

Depuis rien.

Pourtant, les twitts laissaient présager d’une certaine connaissance des mécaniques de twitter puisqu’ils comportaient tous une URL ce qui les rend plus “retwittables”.

A titre d’exemple, les twitter de la Maison Blanche et du 10 DownignStreet sont respectivement suivis par 1,7 million de comptes. Les politiques de représentation publique sont très différentes. La Maison Blanche suit 99 comptes et le 10 Downing Street suit un peu plus de 479 mille comptes. Les uns ont une politique de la rareté et les autres de multitude mais tous se trouvent en ligne d’une manière dynamique.

Le comportement du compte twitter @elysee est d’autant plus incompréhensible que d’évidence la façon dont la présidence américaine se conduit sur le réseau est très suivie par la présidence française. Le désir d’imitation transparait jusque dans la présentation du nouveau site elysee.fr qui copie le design de celui de la Maison Blanche

Lire “0 amis” sur le compte Twitter @elysee est un message en soi : le compte ne suit personne, n’écoute personne, ne lit personne. Il fonctionne sur le modèle des média pré-internet  en diffusant des messages qui vont du sommet vers la base. On serait tenté de penser que le compte twitter @elysee est à l’image de la présidence actuelle ou que encore une fois quelque chose est commencé

Twitter est un excellent poste d’observation de la mauvaise humeur avec laquelle les institutions françaises se mélangent aux cultures numériques. Avec ses 0 amis, @Elysee est un exemple emblématique, mais d’une manière générale, les comptes des politiques français fonctionnent comme des service de presse : je vais à telle émission, je fais ceci, je participe à cela. Moi. Moi. Moi. Mais l’idée d’un politique n’est elle pas d’être au service des autres ? La présence d’un politique sur le réseau peut elle se résumer à son agenda ?

L’équation est simple : si vous n’êtes pas prêts a adopter les règles du jeu, n’allez pas sur Internet. Si vous êtes une institution et que nous n’êtes pas prêts à répondre 24/7 sur twitter, alors n’y allez pas. Si vous ne supportez pas les commentaires négatifs que votre présence  va nécessairement provoquer, alors n’y allez pas. Si vous n’êtes pas prêts à participer à la vie en ligne, alors n’y allez pas. Si vous y allez sans suivre les règles du jeu,  votre présence sera contre productive.

Si vous y êtes, jouez le jeu :  @whitehouse n’hésite pas à retwitter et à utiliser les hashtags.  Si vous y êtes, ayez une vision. C’est le moins que l’on puisse attendre d’une institution ou d’un politique. Choisissez entre la politique de la rareté (Über) ou de la multitude (zergling).

En un mot : Participez ! Participez ! Participez !

La participation est au cœur de l’Internet, et ce depuis sa création. Cette participation peut être brouillonne, passionnée, débordante, mais  ce bouillonnement, cette passion, ces débordements sont  pour un compte comme @elysee une matière à travailler. Il n’y a pas à la fuir : elle est l’image d’une partie des citoyens français. Bien évidement que toute présence en ligne d’une figure ou d’une institution politique donne prise à des cyber sitting. Mais c’est justement du fait de ces possibilités que la la présence des politiques sur le réseau devient de plus en plus urgente. Il faut aller là ou l’expression politique se fait, et non se plaindre encore et encore du désintérêt des français pour la vie politique. Je n’ai aucun goût ni aucune confiance pour une politique qui se ferait par les multitudes à coup de “like” et “unlike” mais je pense que nous avons sur le réseau des outils qui nous permettent de faire politique ensemble. Pourquoi s’en priver ?

 

Personnellement, je trouve qu’il est dommage et dommageable que les institutions publiques ne soient pas en ligne. La participation est au cœur de l’Internet, Mais je préfère les voir absentes plutôt que de mésuser du réseau

mardi 13 avril 2010

Nous n’avons jamais été attentifs

 

La charge a été sonnée par Nicholas Carr : dans un texte publié en Juillet/Aout 2008 dans The Atlantic (la traduction a été réalisée par Framablog et repostée sur InternetActu) il dressait un portait dans lequel tout le monde pouvait se reconnaitre : le temps des lectures longues était passé, lire sur un écran d’ordinateur était un travail à la Sisyphe tant les sollicitations externes au texte était nombreuses. Pire : le ver était dans le fruit puisque les liens hypertextes étaient autant d’occasion de fuir le travail de pensée qui accompagne la lecture

Pourtant, il faut imaginer Sisyphe heureux.

 

La malédiction d’un dieu

La position d’un Carr est biaisée idéologiquement : elle surestime l’écriture et méconnait son histoire. Il faut en effet se souvenir qu’à l’origine, l’écriture n’était dotée de toutes les qualités que l’on veut bien lui accorder aujourd’hui. Platon mettait dans la bouche du dieu Teuth des phrases sans appel :

«  cet art [l’écriture] produira l'oubli dans l'âme de ceux qui l'auront appris, parce qu'ils cesseront d'exercer leur mémoire : mettant, en effet, leur confiance dans l'écrit, c'est du dehors, grâce à des empreintes étrangères, et non du dedans, grâce à eux-mêmes, qu'ils feront acte de remémoration; ce n'est donc pas de la mémoire, mais de la remémoration, que tu as trouvé le remède.Quant à la science, c'en est le simulacre que tu procures à tes disciples, non la réalité. Lors donc que, grâce à toi, ils auront entendu parler de beaucoup de choses, sans avoir reçu d'enseignement, ils sembleront avoir beaucoup de science, alors que, dans la plupart des cas, ils n'auront aucune science ; de plus, ils seront insupportables dans leur commerce, parce qu'ils seront devenus des semblants de savants, au lieu d'être des savants.»  Platon, Phèdre, 274b-275b, Trad Brisson GF p 177-178

 

La parcellisation de l’écriture

Elle ignore également que l’histoire de l’écriture est celle d’une parcellisation. Ce n’est pas l’hypertexte qui est en cause : c’est tout le processus de l’écriture. Dès l’invention du codex, la malédiction de la parcellisation et du butinage a commencé. La page découpe en effet une unité dans l’ensemble que compose le livre. Il devient possible de le feuilleter, c’est à dire de le parcourir dans un ordre qui n’est pas celui de l’oralité. L’oralité oblige a suivre syllabe après syllabe l’ordre du discours

Au 7ième siècle, on invente la séparation des mots. Entre les 11ième et 12ième siècles, on invente l’index, le titre, le numéro de page, et la marque de paragraphe. Tout ce que l’on appelle l’appareil critique du livre et qui sert à l’étude des textes nous éloigne du texte oral. Si le codex est bien la killin app qui a bouleversé notre culture, c’est bien parce qu’il proposait une autre disposition du texte et donc de nouveaux modes d’appropriation :

“En libérant la main du lecteur, le codex lui permet de n’être plus le récepteur passif du texte, mais de s’introduire à son tour dans le cycle des annotations. Le lecteur peu aussi accéder à directement à n’importe quel point du texte. Un simple signet lui donne la possibilité de reprendre sa lecteur là ou elle avait été interrompue, ce qui contribue également à transformer le rapport avec le texte et en modifie le statut”  Ch. Vandendorpe Du papyrus à l’hypertexte

Ainsi, le livre nous a été et nous est encore si précieux, c’est précisément parce qu’il éclate le discours en unités qui peuvent être accessibles directement. L’écriture a quitté petit à petit son statut de transcription de la voix pour advenir à quelque chose d’autre : elle est aussi sa mise en scène ou si l’on préfère, sa mise en tableau. Cette tabularité s’est peu a peu accentuée au fil de l’évolution de l’écriture et du codex. Sans doute, elle s’oppose à la linéarité du discours oral, mais elle permet des rapprochements et des cours circuits que l’oralité n’autorise pas. L’orgalité est un processus des lentes élucidations. Les découvertes foudroyantes (ombres et lumière, rappelle S. Freud dans Le mot d’esprit….) ne le sont que parce que le sens a longtemps avancé masqué

La tabularisation s’est encore accélérée avec le journal moderne. La page devient mosaïque (Mc Luhan) en superposant des éléments disparates : colonnes, titres, intertitres, et images

“Le nombre des colonnes, les filets, la graisse, les caractères, la position des illustrations, la couleur, permettent ainsi de rapprocher ou d’éloigner, de sélectionner et de disjoindre des unités qui, dans le journal, sont des unités informationnelles. La mise en page apparait alors comme une rhétorique de l’espace qui déstructure l’ordre du discours (sa logique temporelle) pour reconstituer un discours original qui est, précisément le discours du journal” Ch. Vandendorpe Du papyrus à l’hypertexte

Christian Vandendorpe distingue une tabularité fonctionnelle: elle facilite l’accès au contenu du texte et sa lecture (paragraphes, majuscules, appareils critiques) et une tabularité visuelle qui permet de glisser du texte aux illustrations et autres figures. C’est cette cette même tabularité que l’on trouve sur le web. Un blogue est en effet constitué d’un appareil particulier : la liste des derniers billets, les mots clés, les archives permettent une navigation à l’intérieur du texte tandis que les liens hypertextes et la blogoliste pointent vers des contenus hors-texte tout comme les citations d’un livre renvoient dà l’autres livres. Les liens hypertexte déstructurent bel et bien un ordre de discours, mais ils en reconstituent un autre. Tout l’intéret de la tabularité de l’hypertexte est de permettre des courts circuits. Nous nous trouvons ainsi en contact avec des contenus inattendus. Serendipité est ici le mot clé.

L’observation est Nicholas Carr est juste, mais ses conclusions sont erronés. Il est vrai que le texte se transforme et nous transforme. Profondément. On a pu ainsi pu remarquer que le cerveau d’un lecteur était différent d’un non lecteur. Mais il est faux que cela nous transforme en idiots. L’Internet n’est pas la taylorisation des esprits, et en tous cas, il ne l’est pas plus que le livre.

Sisyphe, inlassable lecteur, en sera sans doute heureux

mercredi 7 avril 2010

Nous avons toujours eu des tablettes

Dans sa Note sur le Bloc Note Magique, Freud comparait notre appareil psychique au  jouet d’enfant. L’un et l’autre, disait Freud, sont composés de deux feuillets distincts. Le premier reçoit les excitations, c’est la mince feuille de plastique du jouet d’enfant et le système Perception Conscience de l’appareil psychique. Le second en garde durablement des traces. C’est la couche de cire du Bloc Notes Magiques et le système Mémoire de l’appareil psychique. Les deux systèmes fonctionnent de façon antagonistes : on perçoit, ou on retient.

Nous avons toujours cherché dans le monde extérieur des appareils pour nous aider à penser.  Nous avons cherché dans le monde des matériaux où nous pouvions laisser des traces. Les matériaux meubles ont d’ailleurs été parmi les premiers miroirs de l’humanité. Dans le sable, la boue ou même la nourriture chacun pouvait avoir une image de lui. Cette image est bien plus complexe que celle que peut renvoyer un plan d’eau ou même un miroir : elle dit le poids, la caresse, la rapidité ou la force. Elle est un témoin du désir. Chaque culture a utilisé la matière qui lui était le plus immédiatement disponible : on a écrit sur de la pierre, du bambou, du bois, de la corne ou de l’os…

La fureur de la trace puis de l’écriture n’a jamais quitté l’homme

Il est frappant de constater qu’un des premiers supports d’écriture de l’homme a été la tablette d’argile. Les scribes tenaient la tablette d’une main et utilisaient un style pour y inscrire des caractères cunéiformes. Les tablettes étaient séchées au soleil ou cuites. Elles pouvaient être réutilisées en les trempant dans l’eau. Les romains ont amélioré le système en utilisant des tablettes de cire. Elles pouvaient être assemblées pour former de petits livres (codices) et leur réemploi était très simple. Les tablettes ont profondément marqués culture. Tout le monde se souvient que l’esprit est une tabula rasa : ce sont ces même  tabulae qui étaient utilisées pour le vote dans les procès ou les plébicites

Le papier mettra le glas de la tablette. On la retrouve juste parfois entre les mains des enfants qui apprennent à lire. Elle refait son apparition avec les PDA. Le salary man y retrouve les gestes antiques du scribe : il tient d’une main une tablette, et de l’autre sélectionne ou écrit avec un style. Mais le salary man dispose d’une puissance d’écriture nouvelle. Le numérique nous offre en effet un support universel. Il est produit en qualité illimitée et possède des qualités spécifiques : le texte peut être réarrangé, modifié, transféré, conservé ou détruit très facilement. C’est le bloc note magique dont rêvait Freud : il possède de grandes capacités de mémoire et peut toujours recevoir de nouvelles inscriptions

Pourtant, les PDA déclineront à leur tour en s’intégrant aux téléphones mobiles qui y gagneront le titre de smartphones. Au passage, le style se perd : c’est avec le doigt que désormais on interagit avec l’appareil.

Voilà donc  4000 ans que ce dispositif d’écriture se maintient en restant identique malgré deux révolutions. Il y a à cela sans doute des raisons. Je ferais l’hypothèse que la tablette offre la plus grande surface de symbolisation. Par  symbolisation j’entends le travail psychique qui se fait de la perception/sensation à la parole en passant par l’émotion. Cette symbolisation se fait en corps, par le corps, et par le langage (Tisseron) La première symbolisation transforme des sensations en émotions; la seconde symbolisation transforme les interactions en pensées et en émotions et la troisième symbolisations les pensées et émotions en paroles

Le manège des images

Il est facile de remarquer que nous sommes de plus en plus entourés d’images. Partout, les écrans nous accompagnent. Nous nous en servons autant pour le travail que pour le divertissement et ils se retrouvent jusque dans nos poches. Cependant, ils ont un grand défaut : ils laissent en suspens les symbolisations par le corps.

L’écran met une distance. Il sépare. Il ne permet pas le contact direct. Certes, nous manipulons des objets numériques : nous les sélectionnons, nous les déplaçons, nous les copions, nous les supprimons. Mais ces opérations se font toujours à distance. Pire : nous effectuons des actions différentes avec les même gestes. Créer ou détruire, envoyer ou recevoir se sont toujours d’une pression de l’index.

Le grand avantage des interfaces tactiles est qu’elles nous permettent de retrouver la symbolisation par le corps qui était réduite au silence dans le commerce quotidien que nous avons avec les écrans. Cette symbolisation se fait de deux façons différentes.

La première est que nous retrouvons la grammaire naturelle du corps. Nous pouvons pointer du doigt ce que nous voulons désigner, écarter ou rapprocher des objets, les déplacer d’un mouvement d’abduction ou de subduction…

Toute la corporéité, dans sa rythmicité comme dans sa sensori-motricité, peut ainsi être mise en jeu. L’agressivité, l’érotisme, l’élasticité peuvent être exprimés dans des mouvements de serrage ou d’étalement tandis que les pointillements pourront dire la colère ou les échanges solides et sécurisants. Serge Tisseron appelle “schème” les opérations psychiques liées aux activités sensori-motrices et distingue des schèmes de transformation (dits d’attraction ou de séparation) et des schèmes enveloppe. Les premiers correspondent aux opérations d’union et de désunion et les second à l’inclusion d’une forme à l’intérieur d’une autre. Chacun de ces schèmes correspond à une activité fantasmatique : fantasme de séduction, de castration, de scène primitive ou de vie intra-utérine.

image

 

Si écarter les doigts pour agrandir une image nous semble naturel parce que ce mouvement est associé à un schème de transformation. L’écartement dit la curiosité, l’ouverture

Avec les tablettes tactiles, les symbolisations ne se font pas seulement par l’image. Elles se font par l’objet. L’utilisateur tient la tablette et est en même temps tenu par elle. Il tient l’objet réel, et il est contenu dans ses représentations symboliques et imagées. La situation reproduit très exactement le handling. Le psychanalyste Winnicott désignait par la situation dans laquelle l’enfant se sent soutenu par les mains de la mère tout en la contenant comme image interne.

 

Les tablettes tactiles sont des dispositifs qui privilégient les symbolisations sensori-motrices qui manquaient tant aux mondes numériques. Elles mettent préférentiellement au travail les symbolisations qui s’appuient sur schèmes de transformation de transformations. Parmi tous les dispositifs informatique, elles offrent la plus grande cohérence entre la mise en jeu du corps et ce qui se produit à l’écran

vendredi 2 avril 2010

Google, Facebook, le psychothérapeute et le patient.

Le Washington Post se fait l’écho des “nouvelles” question posées par Google et Facebook pour les psychothérapeutes américains. De plus en plus de psychothérapeutes constatent que l’Internet frappe à la porte de leurs cabinets.

Ainsi, un psychiatre rapporte comment, alerté par le mail d’un proche d’un de ses patients dépressif, il est allé lire son blogue et devant les billets alarmants a pris la décision d’’appeler le 911 qui le trouvera chez lui inanimé. Tentative de suicide par médicaments.

Dans cette histoire, une vie a été sauvée mais les limites entre le privé et le public ont été franchies. Elles l’ont été à plusieurs reprises. Elles l’on été par l’ami qui a fowardé le mail du patient au psychiatre. Elles l’ont été par le psychiatre qui a lu le blogue de son patient. Que le blogue sont dans un espace public ne change pas grand chose, car les psychothérapeutes ne travaillent qu’avec ce que le patient apporte pendant la séance.

 

Histoire

L’histoire des rapports entre la psychothérapie et le cyberespace n’est pas nouvelle. Les patients et leurs proche ont d’abord utilisé le réseau comme un espace ou se rencontrer. Les groupes Usenet et les listes de diffusion ont servi de groupes de soutien. Puis des psychothérapeutes ont mis en ligne des élément

Dès 1985, l’Université de Cornell met en place un service d’information en ligne : les questions sont posées à Oncle Ezra, et la réponse est posée sur le réseau.  Si certaines questions concernent le xxx psychologique, il faudra attendre 1995 pour que des psychothérapeutes comme Simon Ehlert et David Sommers tentent de pratiquer dans le cyberespace. Cette même année. Maria Ainsworth donnera dans My Life as an e-patient le premier récit d’une psychothérapie en ligne.  Il sera publié dans le livre de  Robert C. Hsiung [1], connu sur le réseau sous le nom de Docteur Bob. En 1999, portés par l’imaginaire du nouveau millénaire, des psychothérapeutes de l’International Society fo Mental Health Online travaillent ensemble dans le cadre de l’Online Study Case Group et produisent une série de recommandations pour le travail clinique en ligne

 

Situation actuelle

La situation actuelle est très différente de celle rencontrée par ce groupe de travail. L’Internet est devenu pervasif, et les données que les patients et les psychothérapeutes laissent en ligne sont de plus en plus nombreuses. Comment travailler comme psychothérapeute à l’époque de Facebook et de Google ? Certes, avant l’Internet et les psychothérapeutes avaient une vie publique : ils écrivaient des livres, apparaissaient dans les médias. Mais un livre est un objet idéal très différent du blogue : on n’y trouve pas de fautes d’orthographe, et si l’on en trouve, on les impute à l’éditeur. Le livre est débrayé de la temporalité du psychothérapeute, tandis que le rythme de publication des billets d’un blogue ou de tweets peuvent pointer assez précisément sur  des éléments qui n’appartiennent pas à la vie professionnelle du psychothérapeute. Ensuite, l’Internet donne à tous les psychothérapeutes l’occasion d’avoir un espace de publication, alors que le marché de l’édition sélectionnait une infime portion des psychothérapeutes

 

Nouvelles donnes.

Face à cette situation, certains psychothérapeutes choisissent de ne pas être sur le réseau. Ils y sont par les annuaires professionnels ou par ce qu’en disent les patients, mais ils n’y sont pas de leur propre chef.

D’autres choisissent d’y être en prenant soin de ne poster que des éléments en lien avec leur vie professionnelle. Ils bloguent/twittent/réseautent sur la psychothérapie et considèrent que cela correspond a l’écriture des livres d’antant

D’autres trouvent que le réseau apportent des éléments qui peuvent leur être utile dans leur travail. Ils lisent les blogues de leurs patients, et certains vont même jusqu’à les googliser. On est là, clairement, dans des zones grises dans lesquels on sent que l’éthique est mise à mal. En effet, même avec le consentement du patient, lire son blogue, que ce sont pendant la séance ou pas, c’est aussi être en contact avec les commentateurs des billets;

Les psychothérapeutes travaillent dans un environnement dont ils maitrisent les variables : le moment des rendez-vous, leur fréquence, les objets du cabinet… Tout cela les aide à construire un cadre dans lequel il vont pouvoir travailler la réalité psychique de leur patient. C’est ce dispositif que l’Internet bouleverse puisqu’il est possible au psychothérapeute et au patient d’en savoir beaucoup plus l’un sur l’autre que ce qui est apporté en séance.

Cela peut amener à des situations compliquée. Un patient pris dans un transfert érotomaniaque peut porter plainte pour viol en donnant des détails très précis sur un détail anatomique du psychothérapeute… qu’il aura trouvé sur Flickr. Il peut aussi faire le siège des lieux en ligne que fréquente son psychothérapeute ce qui aura, à terme, un effet sur l’identité en ligne de ce dernier.

 

L’internet pose un problème compliqué 

L’internet pose un problème compliqué aux psychothérapeutes  et il n’est pas de manière simple de le résoudre. Etre absent du réseau ne résout rien, car l’absence de trace en ligne est en soi une information. Y être non plus car on est confronté à un matériel qui  peut être difficilement travaillable dans le cadre de la psychothérapie – que fait on si on lit en ligne que le patient ment en psychothérapie ? – et l’on produit un matériel qui peut aussi faire retour dans la psychothérapie .

 

S’il n’y a pas de réponse simple, il est assez évident que les positions idéologiques – l’internet est une/l’internet est une merveille – sont à travailler collectivement dans les instances professionnelles, dans des colloques, et dans des groupes de travail clinique

 


[1] Hsiung, Robert C. 2002. E-Therapy: Case Studies, Guiding Principles, and the Clinical Potential of the Internet. W. W. Norton & Company.