mercredi 9 janvier 2013

Charte de bonne conduite à l’usage des parents qui ont un adolescent qui a un téléphone

Le Code de Bonne conduite de Janell Burley Hofmann est devenue en quelques jours une curiosité de l’Internet avec plus de 25K likes et 1500 tweets. Il signale l’inquiétude des parents vis à vis des usages que les adolescents ont de l’Internet. Malheureusement, il souligne surtout les préjugés d’une mère qui pense que la conversation téléphonique est quelque chose de moins que la conversation en face à face, craint la pornographie, exige que son fils réponde à chaque appel, ne comprend pas l’intérêt de capter des images ou d’écouter la même musique de des millions d’autres adolescents

Si vous souhaitez que votre enfant grandisse dans votre périphérie immédiate et ne développe aucune autonomie, c’est le bon guide a appliquer. Il suffit de suivre ces règles suffisamment longtemps pour arriver à ce résultat.

Si votre objectif est de concourir à la construction d’une personne libre, prenant des décisions seule, assumant le risque d’un échec dans ses entreprises, alors il faut faire autrement.

Voici les règles que je propose. Elles sont biaisées idéologiquement : je pense que les enfants n’appartiennent pas aux parents, que le travail de ceux-ci est de les aider à grandir, Je reconnais que cela prend du temps, de l’énergie, de l’angoisse et de l’argent, mais ce n’est pas une raison pour enfermer l’enfant dans des règles qui ne font qu’aménager le confort des parents. Deuxièmement, je pense que l’enfant est un être autonome depuis sa première respiration. Le travail des parents est d’assister l’enfant pour qu’il garde cette autonomie. C’est un travail difficile, tant l’enfant et les parents peuvent avoir de “bonnes” raisons et du plaisir à réduire cette autonomie

Voici les règles.

Règle 1. Le téléphone appartient à l’adolescent. Les parents ne sont pas autorisé à fouiller l’historique des appels, a explorer ses photographies, a contrôler ses navigations sur Internet, ou à checker son compte Facebook.

Un téléphone portable n’est pas qu’un téléphone portable. C’est une plateforme sociale et un espace privé. Il ne viendrait pas a l’esprit de parents d’écouter à la chambre de leurs enfants. C’est pourtant ce qu’ils font lorsqu’ils surfent sur les profils Facebook des amis de leurs enfants. Il pénètrent également dans la vie intime de leur enfant, à une époque ou la constitution d’espaces personnels, privés, loin du regard des parents est primordiale. Cette construction se fait avec des difficultés, des excès, des accros de la part de l’adolescent, et c’est pour cette raison qu’il est impératif que les parents n’interfèrent pas.

Règle 2. Le téléphone portable n’est pas une laisse.

L’enfant n’est pas obligé d’envoyer un SMS lorsqu’il arrive à la maison, ou de répondre aux appels des parents. La raison en est simple. Les parents n’ont pas a faire peser sur leurs enfants leurs angoisses de séparation. Reconnaitre le temps propre de l’enfant, c’est reconnaitre son autonomie. Les appels manqués seront objets de discussion pour comprendre la situation de l’enfant : qu’est ce qui l’empêche de répondre. C’est pour les parents, plus qu’un motif de colère, un excellent thermomètre des relations que leur enfant a avec eux

Règle 3. Le téléphone portable n’est pas un otage

L’utilisation du téléphone portable ne doit pas être soumis aux aléas relationnels que les parents vivent avec leur adolescent. D’une part, parce que il n’est pas possible de prendre ce qui a été donné, ou alors on part de l’idée qu’aucune parole ne vaut, et que tout peut être remis en question simplement parce que un parent l’a décidé. Après avoir “repris” le téléphone, il sera peut être possible de reprendre des vêtements, où le mobilier de la chambre ? Pourquoi pas des livres ?  Ensuite, parce que donner des punitions à un enfant, ce n’est pas l’élever mais le rabaisser (et se rabaisser soi-même)

Il faut prendre conscience que le système des punitions est inefficace ou contre-productif. Lorsqu’un enfant est “éduqué” à coups de punition, il a deux stratégies possible. Soit il se soumet – et si vous voulez élever un être autonome, vous avez manqué votre objectif.  La seconde stratégie est encore pire : l’enfant renonce à ce qu’il aime et ce qui est important pour lui. Il se détache des objets que ses parents lui retirent. Mais il se détache également de ses parents. Dans les deux cas, c’est perdu-perdu.

 

Parents, seriez-vous prêts à signer cette charte ?

9 commentaires:

  1. Ici, ça se passe comme décrit ci-dessus : aucun problème ; la confiance est partagée (parents, ado de 16 ans).

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  2. Jeune père d'une petite fille de 2 ans et demie, je ne vois pas très bien comment je pourrai sanctionner autrement que par une punition, ne serait que symbolique un comportement "déviant"(tu pourras sortir de ta chambre quand tu voudras bien ramasser le jouet que tu as jeté)... Et nous sommes nombreux à penser qu'une structure rigide d'éducation est plus à même de libérer l'individu. Il va être amené à contester ce modèle, le détruire, pour finalement se le réapproprier et faire son marché entre les normes parentales et ses expériences personnelles pour fonder son propre panthéon de valeurs... là où une trop forte et précoce autonomisation peut entraîner un rapport au monde anxiogène tant chaque décision tend à reposer sur son libre arbitre vierge des préjugés parentaux. Mais peut-être ai-je mal compris et parle-t-on exclusivement de l'éducation d'adolescents ?

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    1. Je suis touchée par votre message. Je fais partie de ceux qui pensent que la sanction est inefficace... A 2 ans ça marche mais il y a une conséquence : l'enfant perd la confiance, se met à vivre dans la crainte et perd sa joie de vivre = décrochage scolaire...
      http://www.ambcoaching.com/prod-displ.asp?i=23

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  3. Peut-être faut il y repenser alors, Antonin ?

    Pourquoi une petite fille jette un jouet ? Si c'est pour éloigner d'elle une pensée ou un sentiment génant, en quoi une punition va t elle l'aider ? Si elle est incapable de ramasser ce qu'elle a laisser tomber, ne faut il pas l'aider plutot que de l'abandonner a la solitude ?

    Entre la ridigité et l'absence, il y a d'autres façons d'être parents. Les psychologues savent que ces deux manières produisent des adultes anxieux et névrosés (en étant optimistes). La troisième voie est celle qui donne le plus de travail aux adultes, et c'est pour cela qu'elle est le plus souvent évitée : être la, contenant sans être rigide, souple sans être laxiste, accompagner les émotions de son enfant, suivre l'évolution de ses capacités a penser le monde et sa propre personne.

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  4. Trop de travail pour pouvoir répondre tout de suite mais je reviens dès que possible, le sujet m’intéresse :)

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  5. Tout à fait d'accord avec vous quant à cette charte de bonne conduite.

    Cependant, je suis en désaccord quant à votre vision du rôle de la sanction. Papa de deux fils de 6 et 3 ans, je considère que celle-ci est normale puisque inhérente à toute société fondée sur des règles.

    Je suis sincèrement convaincu qu'un enfant équilibré est un enfant capable d'accepter une sanction qui frustre.

    Une sanction - parce qu'elle est expliquée/justifiée - participe à l'éducation de l'enfant. Elle lui permet de comprendre peu à peu l'importance d'intégrer une règle de vie familiale, scolaire, sociale... Sans compréhension ET respect de cette dernière, comment prendre sa place ?

    Bien entendu, je ne sanctionne pas lorsque le problème ne s'est jamais présenté : les maîtres mots sont alors "explication" et "discussion".

    Mais si cela se reproduit, cela me semble normal de me poser en personne modélisante : non pour que mon enfant me ressemble mais pour qu'il construise des repères. Une fois compris et acceptés, cela rend libre.

    Je ne vois là aucune rigidité dans cette démarche. Je ne vois pas non plus où est la "destruction" de l'autonomie ; j'y vois au contraire la construction d'un cadre, d'un champ d'exercice de cette autonomie.

    J'espère faire comprendre à mes fils que se poser en s'opposant / s'imposant dans un premier temps, c'est bien ; mais se poser en se situant c'est mieux...

    Au quotidien, les fistons sont autonomes. Pas d'angoisse de séparation, pas de peur de prise de décision, pas de paralysie par de quelconques angoisses... Pas d'échec scolaire pour le plus âgé... Pas non plus d'enfant roi...

    Juste des gamins équilibrés, a peu près responsables, respecteux des autres et d'eux-mêmes. C'est déjà pas mal.

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  6. Ah oui, une charte intéressante et avec laquelle je suis entièrement d'accord. Cela permet l'autonomisation de l'ado tout en respectant sa vie privée.

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  7. Je trouve cette charte interessante mais je ne suis pas d'accord avec les punitions. EN effet souvent les enfants cherchent le cadre, ils savent si ils ont été trop loin, que la punition peutêtre là. Je suis mère de 4enfants sans soucis particuliers ( 18ans 14ans 12ans 5ans) pas de problèmes scolaire, je les trouve plutôt bien dans leur peau.
    mais je trouve par ailleurs très important l'écoute le dialogue, le respect de chacun, pour l'aider à s'épanouir, grandir et pouvoir prendre la bonne distance pour les aider à vivre leurs vies...

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  8. C'est a cause de charte pareils que vos enfants finissent mal...Je dit ça je dit rien.

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