Votre enfant joue à Pokémon Go, le dernier jeu (vidéo) phénomène ? Que faut-il en penser ? Comment faire son travail de parent avec Pokémon Go ? Quel est l'intéret de ce jeu ? Depuis quelques jours, je subis la folie Pokémon de plein fouet. Des parents inquiets me demandent conseil. Je suis sollicité par les journalistes qui me posent les même question. Tout cela a un impact négatif sur ma progression dans le jeu. Aussi ai-je décidé de mettre en ligne les questions qui me sont le plus fréquemment possées
Existe-il un risque de confusion entre le jeu et la réalité ?
Non. La différence la réalité tangible et les image est faite très précocement. Cette capacité peut être altérée dans les troubles psychiatriques comme la psychose ou le syndrome de stress post traumatique. Dans le premier cas, les images visuelles, sonores ou cénesthésiques de la personne s’imposent avec tellement de force que la personne les perçoit comme si elles venaient du monde extérieur. Dans le second cas, le traumatisme a été tellement violent que la personne n’arrive plus à séparer le monde interne de ses images, pensées et émotions et le monde externe de ses perception. Aucun jeu vidéo n’a une force suffisante pour faire une telle confusion.
Existe-t-il un risque d’addiction ?
Non. L’addiction aux jeux vidéo est une notion de la psychologie populaire. Elle n’existe pas pour les psychiatres ou les psychologues parce que une vingtaine d’années d’études n’est pas arrivée à produire 1) une définition consensuelle de ce que serait une addiction aux jeux vidéo; 2) un instrument de mesure valide de l’addiction aux jeux vidéo; 3) l’absence de syndrome de manque font que l’addiction aux jeux vidéo n’est dans aucune classification internationale des maladies mentales.
Existe-t-il un risque de jeu excessif
Oui. Certains joueurs peuvent jouer excessivement. Mais d’une part l’excès est généralement temporaire et d’autre part il est le plus souvent le signe d’un investissement passionnel. Les excès s’observent lgénéralement quand le joueur découvre le jeu puis le temps de jeu décroit peu à peu. Certains joueurs abandonnent du jour au lendemain un jeu vidéo... pour se passionner pour un nouveau titre. La passion qui entoure le jeu facilite les apprentissages requis pour maitriser le jeu. Elle est aussi à l’origine des apprentissages collatéraux qui sont faits autour du jeu
Jouer à Pokémon Go n’est ce pas futile ?
Très certainement. D’une façon générale lorsque l’on observe des joueurs sans participer soi même au jeu, les comportement semblent toujours excessifs ou futiles. Les drames plus ou moins joués qui accompagnent les parties de belotte, la fierté lorsque l’on achète la Rue de la Paix au Monopoly et le plaisir de capturer un nième Nosferapti sont futiles pour qui ne joue pas aux cartes, au Monopoly ou à Pokémon Go. L’intéret du jeu n’est véritablement accessible qu’au personnes qui ont eu l’expérience du jeu
Comment accompagner les enfants pour leurs parties de Pokémon Go
Il y a deux types de parties de chasse de Pokémons. Les premières sont celles qui sont faites à la volée. A l’occasion des courses ou d’une quelconque sortie, l’enfant attrape quelques Pokémon. Cela lui permettra de mieux supporter la corvée des courses mais c’est gâcher le véritable intérêt d’une partie de Pokémon qui comporte toujours trois temps distinct
Le premier temps est celui de la préparation. Avec l’aide des parents, l’enfant prépare la future chasse en se donnant des objectifs. Cela permet au parent de voir si l’enfant est capable de se projeter dans le futur, de se donner des objectifs et si ces objectifs sont réalistes. Un bon objectif est spécifique, mesurable, accessibles, réaliste, et cadré dans le temps. Dire “je vais attraper plein de Pokémon légendaires” est une formulation trop vague. Dire “je vais attraper Newtwo” est moins vague, mais trop irréaliste. “Je vais attraper 3 Rattata en une demi-heure en faisant le tour de paté de maison” ou “je vais gagner “1500 points d’expérience en une demi heure en allant au Pokéstop qui est à l’Hotel de ville” sont des objectifs spécifiques, mesurables, accessibles, réalistes et cadrés dans le temps
Le second temps est celui de la chasse elle même. L’enfant se déplace dans l’espace public avec l’espoir que le vibreur du téléphone lui indique qu’un Pokémon est à proximité.
Le troisième temps est celui du debrief . C’est le moment ou l’on compare ce qui était prévu et ce qui a été réalisé. Si les objectifs ne sont pas réalisés, ce n’est pas grave puisque Pokémon Go n’est un jeu. L’enfant n’a pas eu de chance et il fera sans doute mieux la prochaine fois. Lorsqu’ils sont atteints, c’est le moment de féliciter l’enfant et d’apprécier ses fanfaronade
A quel âge peut-on jouer à Pokémon Go
Pokémon Go est classé PEGI 3 ce qui signifie que le jeu est recommandé pour tous les ages parce qu’il ne comporte pas de langage grossier, de sons ou d’images susceptibles d’effrayer de jeunes enfants. Cependant, seuls les enfants plus âgés pourront en tirer véritablement une expérience intéressante. Les enfants les plus jeunes joueront bien évidement sous la supervision d'un adulte. Pour les plus vieux, c'est l'occasion de s'exercer à l'autonomie grace à des règles claires données par les parents : ou jouer, comment jouer et pendant combien de temps.
Quel est l’intéret de Pokémon Go
Le jeu Pokémon Go est fun parce qu’il satisfait des besoins fondamentaux : la compétence, l’autonomie, la relation et l’évasion. La compétence correspond au besoin de vaincre des challenges, qu’il s’agisse d’apprendre à faire du vélo, à lire ou capturer des Pokémon. L’autonomie correspond au désir intérieur d’agir de notre propre volonté et le besoin de relation correspond au besoin d’avoir des liens authentique avec d’autres. Enfin, le besoin d’évasion correspond au besoin d’imaginer les choses différemment de ce qu’elles sont
Avec Pokémon Go, le challenge est donné par la chasse aux Pokémon, aux combats dans les arènes, ou encore le niveau du personnage. A chaque instant du jeu, le joueur sait ou il en est de sa progression, ce qui lui permet de mesurer les efforts effectués, ceux qui restent à faire et de se comparer aux autres joueur.
Chaque joueur choisit librement son parcours. Il est possible de donner une préférence aux Pokémon de type Vol, de décider de capturer le plus de pokémon dans le moins de temps possible ou encore d’éviter les arènes. La compétence va être mesurée avec des éléments comme le niveau du personnage, des Pokémon, la distance parcourue ou le nombre de combats remportés
Le fait de partager la même activité dans un contexte de plaisir fait de Pokémon Go un excellent facilitateur social. Il est toujours plus facile de créer et de maintenir des liens avec un jeu.
Enfin, la composante Evasion de Pokémon Go tient dans le fait que ce n’est pas tous les jours que l’on peut capturer un Roucool ou un Duoduo. Les Pokemon sont des monstres que l’on met dans sa poche.
Pokémon Go n’est pas si différent d’une simple partie de belotte. Il est possible de jouer au Tarot pour le plaisir d’être le meilleur joueur de cartes. D’autres aiment plaisanter et se diputer parce que le partenaire n’a pas joué la bonne carte. Enfin, les parties sont une bonne façon de s’évader des tracas du quotidien
Pokémon Go aide à lire et à compter
Pour les parents, le meilleur âge pour jouer à Pokémon est sans doute autour de 6-7 ans parce que à cet âge l’enfant commence à lire et à écrire. Les parents peuvent donc l’encourager à lire les instructions du jeu. Les noms compliqués des Pokémons ne doivent pas être évité. Les lire permet tout d’abord de s’entrainer à la lecture. Mais les noms des Pokémons sont aussi intéressants parce qu’ils sont plein de poésie.
Pour bien jouer aux Pokémon, il faut avoir une notion de la grandeur des nombres. Cela s’apprend à l’école, mais surtout dans des interactions ou le chiffre immédiatement un sens. Ils est possible d’aider l’enfant à construire ce sens du nombre en commentant pour lui les chiffres des Pokémon : “Ce Ratatta a 90 PC ce qui est bien plus que celui de tout à l’heure qui n’en avait que 72” ou “Cet oeuf doit incuber avec une marche de 2 km ce qui est bien plus petit que celui là qui demande une marche de 5 km”
Il est possible d’inventer de nouveaux Pokémons en faisant une fiche comme dans le jeu. Avec l’aide de ses parents, l’enfant invente un nom de Pokémon, le décrit brièvement en quelques mots, lui donne des points de combats et lui assigne un type
Pokémon Go aide à découvrir la géographie et l'histoire du quartier et de la ville
Les Pokéstop sont des zones dans lesquelles les joueurs peuvent récupérer gratuitement des objets utiles dans le jeu. Ils sont placés à des points importants ou particuliers de la ville comme des statues ou des bâtiments publics.
Le temps de préparation des parties de chasse aide l’enfant à construire une représentation de la géographie de son quartier, de sa ville, de son pays. L’enfant est ainsi sensibilisé à l’échelle des distance puisque certains Pokéstop sont immédiatement accessibles tandis que d’autres sont trop lointains.
Les Pokéstop sont aussi une occasion de plonger dans l’histoire de la ville. Par exemple, la ville de Bordeaux est entourée d’un boulevard qui est percé de “barrières” qui permettent d’entrer et de sortir de Bordeaux. Un Pokestop situé sur une de ces barrières s’appelle “Maison d’octroi”. Quel enfant peut résister à une telle incitation à la rêverie ? Car avec les maison d’octroi, c’est tout le fonctionnement de la ville, de l’état, des impots et bien évidement de la contrebande qui attendent d’être transmis à l’enfant
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire