jeudi 6 mars 2014

Ce que les jeux vidéo apprennent aux parents



Un jeu vidéo est une machine dans laquelle l’enfant fait des apprentissages affectifs cognitifs et sociaux. Ces apprentissages se font “a chaud” sous la pression de la motivation qui maintient l’engagement et l'intérêt de l’enfant. De tous les enseignements des jeux vidéo, le premier, et peut-être le plus important, concerne l'attitude devant l’échec. 

Le jeu vidéo récompense le joueur pour ses efforts.. Les grandes réussites sont fêtées comme il se doit mais même les petits succès sont récompensés. Il fonctionne par accumulation et enseigne a l’enfant que ses compétences et ses connaissances se construisent petit à petit. Dans ce contexte, l’échec n’est pas un problème. Il est au contraire le début d’une solution à venir. Par exemple, la Route Arc-en-Ciel de Mario Kart est un des circuits les plus difficile du jeu. Il est réservé aux joueurs les plus talentueux et les plus tenaces. Une victoire signifie en effet un nombre incalculable de chutes et de défaites.

D’une façon générale, les parties de jeu vidéo sont de longues successions d’échecs et de rares moments de réussite. Le plaisir à gagner est d’autant plus grand que les difficultés rencontrées ont été importante. Cela est possible grace aux années d’expériences accumulées par les game designers. Ils savent construire un environnement de jeu dans lequel la difficulté est savamment dosée. En effet, si le jeu est trop facile, le joueur n’en retire que de l’ennui. Par contre, s’il est trop difficile, il vit la situation comme angoissante et blessante pour son estime de soi. Le jeu apporte également suffisament de nouveautés pour rester intéressants, mais suffisament peu pour que le joueur ne se sente pas dépassé par les nouvelles commandes a intégrer à l’expérience de jeu. Un bon jeu est un jeu qui maintient le joueur dans une zone optimale où ses compétences sont toujours poussées a la limite mais jamais trop les excéder. Le joueur est alors placé dans zone que le psychologue Vygotsky appelait la “zone proximale de développement”. 

Du point de vue de la motivation, un chose protège suffisament de l’amertume de la défaite : la théorie que l’enfant a construit à propos de lui même. S’il a développé une théorie de l’intelligence comme entité, il vivra chaque échec comme une mise en cause personnelle. Au bout du compte, il abandonnera le jeu. S’il a développé une théorie incrémentielle de l’intelligence, il poursuivra ses efforts, et aura plus de chance de goûter au plaisir épique de la victoire sur ce circuit. En effet, pour les enfant qui ont construit cette théorie, l’échec n’est pas une remise en cause personnelle, mais le signe qu’il faut travailler davantage.

Ces théories sont construites dans les interactions quotidienne avec les enfants. Lorsqu’un enfant est récompensé d’un “tu es formidable”, il a tendance a construire une théorie de l’intelligence comme une entité. Lorsqu’il s’entend dire “tu as bien travaillé”, il construit plutôt une théorie incrémentielle de l’intelligence 

La manière dont l’enfant réagit dans les jeux vidéo est un donc signal que les parents ne doivent pas manquer. Il leur donne un point de vue sur la façon dont l’enfant fait face aux difficultés, et finalement sur son estime de soi. Beaucoup d’enfants commencent un nouveau jeu vidéo avec des fantasmes de réussite glorieuse. Ils pensent qu’il vont vivre des succès épiques et que les parties ne seront qu’un parcours semé de roses. Le jeu leur apprend rapidement qu’il y a bien des épines avant la rose ! Les fantasmes de réussite sont mis à la dure épreuve de réalité du jeu. Si l’enfant s'effondre à ce moment, il a alors besoin de l’aide et du soutien de ses parents. S’il peut sécher ses larmes, et reprendre le jeu en serrant les dents, alors il est possible qu’il finisse par réussir.

Les jeux vidéo enseignent ainsi quelque chose aux enfants comme aux parents. L’échec ne devrait pas être sanctionné. Faut-il rappeler qu’il est normal d’échouer lorsque l’on est en situation d’apprentissage ? Sanctionner un enfant parce qu’il ne réussit pas quelque chose est contre-productif et à la limite de la perversion. C’est malheureusement trop souvent ce que font les adultes. C’est aussi malheureusement la manière dont l’enseignement est donné à dans les écoles. Ne pas savoir est alors sanctionné d’u zéro que l’enfant identifie rapidement à sa propre personne : il est nul tout comme sa copie est nulle.. Les jeux vidéo apportent un autre message à l’enfant. Ce n’est pas “tu es nul” mais “tu ne sais pas faire. Apprend”. Dans les jeux vidéo, l’échec conduit a l’envie de recommencer et de réussir, pas au marasme et à a dévalorisation.

L’enfant construit ainsi dans les parties de jeu vidéo, entre le plaisir et les larmes, une compétence précieuse. D’abord, il fera sans doute plaisir à ses parents puisque l’on sait que l’attitude positive devant l’échec prédit la réussite scolaire. Mais plus généralement, il renforce ainsi la confiance en soi, ce qui est un atout majeur pour faire face aux difficultés.

2 commentaires:

  1. Merci pour cet article !

    Cependant, je pense qu'il y a un contresens dans cette phrase :

    Lorsqu’un enfant est récompensé d’un “tu es formidable”, il a tendance a construire une théorie incrémentielle de l’intelligence. Lorsqu’il s’entend dire “tu as bien travaillé”, il construit plutôt une théorie incrémentielle de l’intelligence

    (2x théorie incrémentielle. Et pas de point final ^^)

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  2. Il y a en effet un mot répété qu rend le paragraphe difficilement compréhensible. J'ai édité le texte. Merci

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