Le sociologue Erving Goffman appelle “kit identitaires” les objets que des personnes portent sur elles afin de raffermir leur sentiment de soi et de soutenir la manière dont elles se présentent aux autres. En d’autres termes, nos objets et nos possessions participent à la construction de nos identités.
Nous avons maintenant de nouveaux kit identitaires. Ce sont les téléphones portables qui nous accompagnent dans notre quotidien. Ils sont des extensions de soi en ce sens qu’il permettent d’être en lien ou de s’isoler. Ils permettent d’appeler des proches et de communiquer avec eux de différentes façons. L’utilisateur peut capturer des moments en prenant des photographies ou des films. Il a acces à l’Internet ou il peut participer à des discussions en postant de nouveaux contenus ou en lisant ceux des autres. Il peut lire les flux d’information auxquels il est abonné (YouTube, Twitter etc…). Dans les moments de tension, le smartphone permet d’écouter de la musique ou de regarder des vidéo. Le téléphone est donc devenu bien plus qu’un téléphone. Il est un couteau suisse identitaire avec lequel les individus construisent et modèlent leur s identités.
Bien trop souvent, ces outils sont maintenus à l’écart des établissements scolaires. Les réglements intérieurs interdisent aux élèves d’utiliser des smartphones ou même tout simplement de l’avoir dans la main. En cas de transgression, l’école peut faire des abus de pouvoir en confisquant l’appareil pendant plusieurs jours. En interdisant les téléphones portables, les établissements scolaires découpent un espace et un temps dans lequel l’expression de l’identité des enfants est amputée. Elle les rend muets à eux même et aux autres.
L’école montre ainsi qu’elle fonctionne de manière totalitaire. En effet, les kit identitaires sont l’expression de ce que chacun peut avoir de personnel voire d’intime. Ils articulent l’identité sociale et l’identité personnelle. Les institutions qui les interdisent sont qualifiées de “totalitaires” par Goffman C’est le cas de l’hopital et de la prison pour lesquels les caractéristiques individuelles des personnes importent peu. Elle construisent pour chacun l’identité dont elles ont besoin pour remplir leurs fonctions. C’est aussi le cas de l’école qui supprime pour chaque personne ce qu'elle a de plus personnel dans le but de le transformer en élève.
Que sera la mémoire des enfants qui sont aujourd’hui à l’école ? C’est assez facile à imaginer. Leur quotidien sera massivement documenté dans leurs archives personnelles. Il sera également en images, en vidéo, et en status sur leurs comptes Facebook, Vine et autre Twitter. Ces mémoires téléversés sur l’Internet seront partagées et enrichies par les commentaires des autres. Mais elles seront frappées d’une immense tache blanche. On n’y verra ni les cours des collèges et des lycées, ni les salles de classes, ni les images d’amis et de professeurs en situation. En d’autres termes, un espace dans lequel les enfants passent 8 heures par jour et 3 a 6 années de leurs vies sera frappé d’amnésie numérique.
Dans un monde ou les contenus numériques participent à la construction de soi, en interdisant les smartphones, les établissements scolaires amputent les mémoires individuelles et collectives. Elles font obstacle à la manière dont aujourd’hui, les enfants construisent leur expérience de soi et leurs identité.
Aaargh ! C'est exactement ce dont je voulais parler samedi prochain à Arsac... Tant pis... Pas de regret : tu en parles tellement mieux que je ne pourrais le faire moi-même...
RépondreSupprimerAaargh! Surtout garde l'idée ! La polyphonie, il n'y a que cela de vrai. Tu en parleras a ta manière, et cela donnera lieu à discussion !
RépondreSupprimerIl faut attendre d'être à l'université pour que l'on commence à parler de technologie de l'éducation. Et la plupart du temps, on ne peut pas dire que l'intégration des technologies soient une vraie réussite...Car le problème est là, comment réussir une intégration des TIC qui favorise l'apprentissage (soit des matières cours, soit de compétences transversales utiles).Pour une intégration harmonieuse, il faut que l'école (et donc les enseignants) aient les compétences ad hoc. Or au XXIè s., on est toujours (sauf ds qq pays du nord de l'europe) dans une approche top-down, où seule compte la performance et où tous les élèves reçoivent le même type d'enseignement.
RépondreSupprimerQuand on est au boulot, on n'utilise pas son téléphone, ou peu et raisonnablement. Pourquoi les enfants devraient-ils échapper à la règle ?
RépondreSupprimerC'est très beau de prêcher, mais comment faites-vous pour responsabiliser les enfants à un usage raisonnable ?
Quand on est adulte, si on passe sa journée sur son smartphone, on est viré, puis chômeur, puis pauvre, puis à la rue, puis clodo.
Quand on est enfant qu'est-ce qui est là pour faire office de garde-fou ?
Belle prose, mais vous vivez dans la 4ème dimension. A un moment donné, il faut redescendre sur terre et arrêter de se toucher la nouille sur des concepts futuristiques hypra-connectés qui repensent en profondeur la vie amputée des pauvres enfants.
Vous évitez soigneusement de poser la question de l'impact d'un objet de distraction sur l'éducation qui permet justement d'avoir des ingénieurs qui conçoivent des smartphones.
Vous parlez comme si l'identité des enfants se construit sur le mode hyper-connecté. Avez-vous seulement des enfants ? Jusqu'à 10 ans ils sont à peine capables d'écrire sur un clavier, quand ils savent écrire tout court (car on apprend à 6 ans, je vous le rappelle), et de 0 à 10 ans, c'est sur le mode connecté qu'ils grandissent ?
J'arrête là tant votre article dégouline de branlette intellectuelle de pseudo-voyante. Ça ne tiens pas 1 seule seconde n'importe quelle analyse moyennement sérieuse.
Allez bonne journée et grandissez un peu.
P.S: Votre article est parsemé de "école" et "enfant". J'en ai donc déduis, peut-être naïvement, que vous parliez d'enfants et non d'adolescents ou d'étudiants.
P.S2: Enfin, répondez simplement à cette question : en quoi l'hyper-connexion sociale favorise-t-elle l'apprentissage ?
PS3: Je me déteste quand je prends autant de temps à défendre une cause perdue : si vous cherchiez à être un peu objectif, vous n'auriez jamais écrit cet article, ce qui me fait dire que ce qui vous intéresse c'est surtout de rêvasser en mode bobo "je partage mes pensées profondes". Continuez ! C'est très réussi !
Bien sur sauf que maintenant de plus en plus d'établissements font totalement interdire les téléphones dans leurs murs. On ne veut pas seulement empêcher les élèves d’être distrait en cours mais on voudrait aussi les empêcher de se distraire comme bon leurs semble pendant leurs temps de pause ().
SupprimerPour responsabiliser les ados il faudrait peut-être leurs laisser plus de responsabilités et arrêter de leurs dicter tout jusqu'à la manière dont ils devraient se distraire.
Perso je vois le téléphone comme un outil de communication avancée. Et pour prendre appuie sur la logique de nos ainés (et parce que je l'ai vu dans Games Of Thrones), avant d'utiliser une épée de fer, les enfants Starck (non ce n'est pas du spoil :D) utilisaient des épées en bois. Alors avant d'utiliser ces outils, l'utilisation de l'outil primaire qu'est la parole est à mon sens essentiel.
SupprimerQuel serait une cours de récré (et on en vois de plus en plus) si chaque enfant été fixé sur son "précieux" ?
De plus je me dois de rappeller que l'enfant (/ado) n'est pas forcément la personne la plus raisonnable sur terre, ni l'être doué de la plus grande compassion pour son semblable, et je fus ainsi témoin de scène capturé ("illégalement") par téléphones et mis ensuite sur le net pour salir l'image de l'acteur de la vidéo. Et cette image, transmise dans le vaste et incontrôlable internet pourra à jamais taché la réputation de l'intéressé.
Je suis aujourd'hui étudiant, et je suis content de disposer de mon propre smartphone, mais mes futurs têtes blondes (qui sait :D ) auront pour père un "vieux con" qui essaiera tant bien que mal de ne pas les assouvir trop tôt aux machines.
Et votre idée de notre société comtemporaine, m'effraie et me rappelle la scène de wall-e (j'aurais bien voulus caler une petites citations de Marx ou Voltaire, mais la rien ne me viens) ou les humains sont tous derrière leur écran, affalé dans leur siège automatique et ne connaissant la vie que par le prisme de ce petit écran.
Si vous avez des enfants, emmenez les à la campagnes (ça les fera raler autant que ça ma fait raler) mais au moins il auront accès à notre plus grande richesse, notre planète et ces beau paysage (en full HD rétina syouplait).
Moi j'ai une question qui me vient quand je lis cet article, bien écrit et respectable en tout cas, c'est comment faisait-on avant les smartphones ? Les gens n'étaient pas construits du coup ?
RépondreSupprimerIl ne faut pas oublier que le monde tournait sans les smartphones et que personnellement je ne trouve pas une bonne idée de distraire les enfants de l'éducation de manière personnelle. On m'interdisait bien de jouer sur ma calculette ou on interdisait à mes parents de dessiner en cours non ? Pour moi c'est le même combat.
En 1987, à cause d'une éruption solaire toute une ville au canada à été privé d’électricité, je n'imagine pas la réaction si cela se reproduisait à notre 'époque', ces personnes qui pensent être ce qu'ils achètent, c'est vraiment pathétique.Cette article est une parodie.
RépondreSupprimerVotre discours est intéressant, mais il y a de très gros problèmes que vous avez occulté.
RépondreSupprimerSi le téléphone est un objet de modélisation de l'identité, cela ne vous pose aucun problème que ce soit par des sociétés privés ? Qui généralement à leur insu scrute leurs données, donc leurs identités comme valeur marchande destiné à la publicité ?
De plus les 2 acteurs iphone et android sont des systèmes fermés, et utilisent des applications fermés.
Ce n'est pas leurs ouvrir les yeux sur le numérique.
Sont-ils en âge de comprendre leurs enjeux de leur valeurs marchande de leurs données ?
- Si on ouvre les vannes du smartphone à l'école, on creuse également les inégalités, et le sujet du soi est directement lié à l'aspect mercantile (comme les marques des vêtements d'ailleurs).
- dernières choses qui me fait dire également que vous avez tord, c'est l'oubli. Vous plaidez pour une mémoire numérique, or vous avez bien compris qu'il s'agit de personne en construction identitaire, et donc les erreurs faisant avancés leurs cheminements si toutes les erreurs sont stockés, c'est l'effet inverse qui peut se produire et ainsi devenir désastreux. L'oubli concerne également le fait d'être libre de se déplacer, (notamment au vu de leurs parents).
- En conclusion et fait grave, sur votre article, je ne vois aucune approche scientifique, avez-vous de la bibliographie ? avez-vous tester votre raisonnement ? Une enquête de terrain peut-être, si oui quels méthodologie ?
Si vous avez rien fait de tout ca, n'écrivez pas, car un article aussi peu documenté, risque d'être classé comme "de la merde". Or votre nom ne sera jamais effacé numériquement à votre texte.
Article surprenant dans la mesure où j'ai le sentiment quelque peu fondé par une expérience réelle que moins en moins de collèges publics interdisent l'usage hors le cours, en tout cas bien moins que la moitié, et sans doute aucun lycée public ou sur les doigts d'une main pour la France entière... Ecole totalitaire mon oeil. On est loin de la revendication de Claude Duneton en ses jeunes années : 50 élèves par classe pour améliorer le rapport de force.
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